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Progrès thérapeutique

Sclérose en plaques: un traitement pour freiner la maladie et protéger le système immunitaire

Par La rédaction

Il serait possible d’arrêter la progression de la sclérose en plaques tout en préservant le système immunitaire, grâce aux antigènes présents dans des vésicules extracellulaires. Le traitement, testé avec succès sur des animaux, a de bonnes chances de fonctionner également sur l’être humain. 

Wildpixel/iStock
La sclérose en plaques pourrait être freiné par les antigènes présents dans les vésicules extracellulaires des oligodendrocytes.
Les oligodendrocytes fabriquent la gaine de myéline qui entoure les connexions entre les neurones. C'est cette partie qui est attaquée par la sclérose en plaques.
En se servant des antigènes que contient leurs vésicules extracellulaires, il est possible de ralentir la progression de la sclérose en plaques tout en préservant le système immunitaire.

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire se retourne contre l’organisme. Pour l’instant les traitements visent à abaisser les réactions du système immunitaire, ce qui est risqué au vu des graves effets secondaires que cela implique, notamment avec la survenue d’infections voire de cancers. Des chercheurs de l’université de Jefferson (Etats-Unis) ont trouvé un moyen d’empêcher le système immunitaire de s’attaquer au corps, et donc de stopper la progression de la sclérose en plaques. Les résultats de leur étude ont été publiés le 4 novembre 2020 dans la revue Science Translational Medicine. 

Lorsque la sclérose en plaques se développe chez l’être humain, elle attaque l’isolant électrique autour de l’axone des neurones, la gaine de myéline. Cette gaine permet à l’influx électrique passant d’un neurone à l’autre de ne pas se perdre, ce qui joue sur la rapidité de l’échange de l’information. Tout l’intérêt de la recherche actuelle, est de trouver un moyen de préserver ces gaines et d’arrêter l’attaque produite par le système immunitaire. 

Des antigènes présents dans des vésicules extracellulaires

Il existe de nombreux antigènes immuno-activants possibles dans la gaine de myéline, mais le plus grand obstacle est que nous ne savons pas quel composant de la myéline déclenche la réponse immunitaire chez les patients atteints de sclérose en plaques, indique Abdolmohamad Rostami, directeur du département de neurologie à l’université Jefferson. Des études antérieures ont utilisé des antigènes de myéline uniques ou des combinaisons d'antigènes pour prévenir l'auto-immunité dans des modèles animaux, mais chez l'homme, elles ont eu un succès limité.”

Pour mieux comprendre, les chercheurs sont partis analyser les oligodendrocytes, les cellules chargées de fabriquer la gaine de myéline dans le système nerveux central. Lorsqu’ils sont cultivés in vitro, les oligodendrocytes produisent des vésicules extracellulaires, qui contiennent tous les antigènes de la myéline. Ainsi, il apparaît plus simple de stopper une attaque auto-immune grâce aux antigènes présents dans ces vésicules. “L'intérêt de ces vésicules extracellulaires est qu'ils nous donnent la possibilité de traiter la maladie de manière spécifique à l'antigène, sans avoir à connaître l'identité exacte de l'antigène cible”, souligne Abdolmohamad Rostami.

Une maladie freinée et un système immunitaire préservé

Ces vésicules extracellulaires ont été injectées à trois souris atteintes par la sclérose en plaques à des stades précoces ou avancés de la maladie. Lorsqu’elles sont administrées avant le développement de la maladie, les vésicules extracellulaires ont un effet prophylactique, qui empêche aux souris de souffrir de paralysie ou d’une diminution de la mobilité. Si les vésicules extracellulaires sont injectées après l’installation de la sclérose en plaques, la gravité de la maladie est considérablement réduite. De plus, cette méthode n’attaque pas la gaine de myéline et laisse intact le système immunitaire, qui ne se retrouve pas affaibli. 

Les antigènes impliqués dans la réponse auto-immune peuvent différer entre les patients atteints de SEP, et même changer avec le temps chez un patient individuel. Le fait que notre approche ait été efficace dans différents modèles expérimentaux montre que cela pourrait agir comme une thérapie universelle”, détaille Abdolmohamad Rostami. Il poursuit: “C'est un énorme avantage de notre méthode spécifique à l'antigène par rapport aux thérapies actuelles, qui détruisent le système immunitaire. C’est ce qui rend la nôtre si novatrice.

Les mêmes vésicules extracellulaires ont pu être isolées chez l’être humain. Comme pour les souris, elles possèdent également en leur sein de multiples antigènes de la myéline, ce qui pourrait donc apporter le même effet thérapeutique qu’aux rongeurs testés. Abdolmohamad Rostami et son équipe cherchent maintenant à breveter leur approche, ce qui pourrait constituer une avancée pour le traitement de la sclérose en plaques.