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Pneumologie

"On sait contrôler l'asthme, mais pas le guérir"

Par Th. B.

Prédispositions génétiques, impact de l'environnement, allergie : l'asthme est une maladie chronique causée par une association de facteurs. Le point sur cette pathologie qui toucherait 4 millions de personnes en France avec le professeur Camille Taillé, pneumologue à l'hôpital Bichat.

Deagreez/iStock
L'asthme toucherait 4 millions de personnes en France
La maladie se développe fortement depuis 20 ans
Les asthmatiques ne sont pas une population à risque face à la Covid-19
"Une véritable épidémie depuis 20 ans". C'est par ces termes forts et inquiétants que le Professeur Camille Taillé, pneumologue à l'hôpital Bichat, qualifie l'augmentation très forte des cas d'asthme constatée ces dernières années. Une évolution d'autant plus préoccupante que l'on ne sait pas aujourd'hui pourquoi un patient devient asthmatique, ce qui peut se produire à tout âge. "Les facteurs génétiques sont indéniables, l'environnement et la pollution jouent un rôle mais cette maladie est due à une association de facteurs, explique Camille Taillé. Et si chez les enfants l'asthme est très souvent associé à l'allergie, 30 à 50% des asthmatiques adultes ne sont pas allergiques".

La nécessité d'un traitement de fond

On estime que la France compterait actuellement environ 4 millions d'asthmatiques et la maladie est à l'origine d'un millier de décès chaque année. Autant de patients qui doivent être suivis et traités. "On sait contrôler l'asthme mais pas le guérir !", rappelle en effet la pneumologue qui alerte sur les rémissions souvent constatées chez des enfants asthmatiques lorsqu'ils atteignent l'âge de l'adolescence : "leur asthme peut devenir asymptomatique mais la maladie réapparait le plus souvent à l'âge adulte".

Les caractères de cette pathologie pour laquelle on ne peut ni agir ni sur les causes ni compter sur une guérison imposent donc une prise en charge permanente. "Tout asthmatique doit avoir un traitement de fond à base d'anti-inflammatoires et un traitement de secours sous forme de bronchodilatateur lorsque survient une crise", insiste Camille Taillé qui ajoute qu'il ne faut jamais hésiter lorsqu'une crise survient alors que l'on n'a pas de traitement sous la main à "appeler le 15 qui dispose de procédures spécifiques pour la prise en charge des asthmatiques".

Les asthmatiques ne sont pas une population à risque face à la Covid-19

En revanche, et contrairement à ce que pensaient certains au début de la crise du coronavirus, les asthmatiques ne sont pas une population à risque face à la Covid-19. "Ces patients sont très sensibles aux infections respiratoires hivernales, ce qui a laissé penser qu'ils pouvaient être particulièrement menacés par cette épidémie mais toutes les données montrent qu'ils ne sont pas plus susceptibles que les autres d'être infectés et que, s'ils sont infectés, ils ne développent pas non plus davantage de formes sévères que les malades non asthmatiques", confirme Camille Taillé qui souligne par ailleurs, là encore pour démentir des informations formulées à propos de la Covid-19, que l'usage des corticoïdes parfois présenté comme dangereux mais sur lequel repose le traitement de fond de l'asthme doit absolument être maintenu.

La bonne nouvelle pour les asthmatiques qui souffrent d'une forme sévère -on parle d'asthme sévère lorsque les patients qui présentent les symptômes classiques de l'asthme résistent aux traitements habituels administrés depuis au moins un an- est l'arrivée de nouveaux médicaments par voie injectable. Et pour tous les asthmatiques "normaux", la prise en charge connait aussi quelques évolutions avec des traitements administrés de façon parfois discontinue, ce qui allège la contrainte quotidienne de l'observance.

Retrouvez ci-dessous l'émission "Questions aux Experts" sur le thème "Vivre avec un asthme" dans laquelle le Pr Camille Taillé répond aux questions des internautes de Pourquoi Docteur :