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Diagnostic

Traumatisme crânien : un prototype prometteur de test sanguin rapide

Par Amanda Breuer-Rivera

Un boîtier pouvant analyser et diagnostiquer un traumatisme crânien en 15 minutes à partir d'une prise de sang a été mis au point par une équipe de recherche américaine. 

wildpixel/istock
Une équipe américaine de recherche a mis au point avec un groupe pharmaceutique un prototype de test rapide pouvant évaluer en 15 minutes la présence ou non d'un traumatisme crânien ainsi que sa sévérité.
Dans leur étude, ils constatent que le biomarqueur GFAP est plus significatif que le S100B utilisé en Europe.
Cependant, l'appareil doit encore être amélioré et testé avant une éventuelle commercialisation.

Permettre le diagnostic rapide d'un traumatisme crânien, c'est ce résultat auquel assurent avoir abouti des chercheurs américains dans un article publié le 14 septembre dernier dans "Journal of neurotrauma". Sur la base de précédentes études, les scientifiques savent que les protéines acide fibrillaire gliale (GFAP) et B liant le calcium 100 (S100B) sont des biomarqueurs de lésion gliale - cellules qui gravitent autour des neurones. Elles sont libérées dans le système sanguin lors d'une blessure y compris lors d'un traumatisme crânien. Or la Food and drug administration (FDA) - autorité qui délivre le permis de commercialisation d'un produit alimentaire ou médical aux USA- refuse les diagnostics sanguins de traumatismes crânien via la GFAP à cause du délais d'analyse en laboratoire "qui peut prendre jusqu'à 6 heures pour renvoyer un résultat". Pas très utile en cas d'urgence. Quant au biomarqueur S100B, utilisé en Europe, la FDA n'autorise pas son utilisation.

Pour palier cet obstacle technologique, ces chercheurs ont travaillé avec une grande entreprise pharmaceutique pour mettre au point un prototype pouvant détecter le taux de GFAP et de S100B dans le sang en moins de 15 minutes dans les 24 heures après le traumatisme crânien. Selon leur étude, il est possible d'obtenir de bons résultats d'analyse rapide et fiable, et selon eux le biomarqueur GFAP est plus significative que le S100B utilisé en Europe.

Résultats prometteurs

Pour aboutir à ces résultats, ils ont entre février 2014 et juillet 2018, récupéré 1 497 prélèvements sanguins d'Étasunien s'étant rendu dans l'un des 18 centres de traumatologie de niveau 1 du programme national de recherche TRACK-TBI. 122 personnes sujets à un traumatisme orthopédique ont formé le groupe témoin et les 1 359 autres personnes ont eu un traumatisme crânien, les scientifiques ont analysé la présence des biomarqueurs GFAP sur le prototype de test rapide et en laboratoire et les ont comparé avec les résultats du biomarqueur S100B ainsi que le scanner crânien du patient. Là, ils ont remarqué que le biomarqueur GFAP est bien plus significatif que le S100B. Une grande avancée pour ce prototype de test rapide. "La mesure du plasma GFAP sur un test prototype de plate-forme était un excellent prédicteur d'anomalies intracrâniennes traumatiques sur le scanner de la tête lorsqu'elle était mesurée dans les 24 h suivant le traumatisme, se réjouit David Okonkwo auteur principal de l'étude et directeur de Neurotrauma Clinical Trials Center (Pittsburgh, États-Unis). Le test a produit une performance diagnostique comparable aux tests sanguins couramment utilisés dans la pratique clinique pour d'autres troubles."

Pas de mesure possible en cas de polytraumatisme

Un résultat encourageant mais qui ne va pas aboutir immédiatement à la commercialisation de ce dispositif. Dans leurs études, les auteurs notent qu'ils n'ont mesuré essentiellement que des traumatismes crâniens légers et peu d'enfants. Pour plus de précision, ils désirent également peaufiner le développement des biomarqueurs GFAP heures après heures. Surtout, ils ne savent pas comment mesurer les traumatismes crâniens en cas de polytraumatisme, ce qui arrive parfois dans les accidents de la route.

Ils estiment également qu'il faudrait se pencher sur d'autres biomarqueurs spécifiques à la matière grise également endommagée dans certains traumatismes de la tête. Par ailleurs, il espèrent bientôt dupliquer cette étude mais avec du sang non-congelé afin de vérifier ces résultats. S'ils parviennent à finaliser et commercialiser ce prototype, ils estiment que l'appareil pourrait potentiellement réduire les scanners inutiles de 20% ou plus, ce qui permettrait d'économiser près de 100 millions de dollars en frais médicaux par an.