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Nutrition

La génération Z ne serait pas prête à consommer de la viande de synthèse

Par Amanda Breuer-Rivera

Née entre 1995 et 2015, la génération Z représente 2 milliards de personnes sur Terre. Son poids lui permet d'influencer sur la consommation mondiale. Or, si elle est sensible à la condition animale, elle ne semble pas encore très ouverte à l'idée de manger de la viande synthétique. Explications.

VLG/istock
72 % des 18-25 ans Australiens refusent de consommer de la viande de synthèse.
Pourtant 59% se déclarent préoccupés par l'impact environnemental de l'élevage traditionnel et 41% croient qu'il faut changer sa façon de se nourrir même si beaucoup ne comprennent pas bien en quoi l'élevage nuit à la planète.

La viande in vitro, le steak de demain ? Pas si sûr à en croire les résultats d'une étude australienne publiée ce 8 septembre dans la revue avec comité de lecture et libre d'accès, Frontières de la nutrition. Les chercheurs ont sélectionné 227 australiens de la "génération Z" - personnes nées entre 1995 et 2015 - et leur ont soumis un questionnaire en ligne sur leur consommation de produits carnés, leur opinion sur cette industrie ainsi que sur leur préférence sur les alternatives à la viande.

À partir de ce sondage, les auteurs de l'étude constatent que ces personnes affichent une grande préoccupation pour l'environnement et le bien-être animal. Malgré ces deux caractéristiques, ils sont 72% à ne pas être prêt à accepter de manger de la viande de synthèse, soit produite en laboratoire. Ue opposition paradoxale ? Dans ce même sondage, ils sont 41% à croire qu'il faut changer sa façon de se nourrir pour soutenir une alimentation durable et le bien-être animal. 59% déclarent être préoccupés par l'impact environnemental de l'élevage traditionnel en particulier, même si beaucoup ne comprennent pas les mécanismes en œuvre.

"La viande in vitro et d'autres alternatives peuvent aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre et conduire à de meilleures conditions de bien-être animal, déclare la Dr Diane Bogueva chercheuse principale de l'étude et membre de l'École de génie chimique et biomoléculaire de l'Université de Sydney. Cependant, si la viande de culture doit remplacer les protéines issues de l'élevage, elle devra attirer émotionnellement et intellectuellement les consommateurs de la génération Z. Cela peut se faire via un travail sur l'apparence physique, mais surtout sur la transparence autour de ses avantages notamment environnementaux."

Clivage autour de la viande de synthèse

Cette viande de synthèse, aussi dite "cultivée", soulève chez les sondés d'autres interrogations comme son goût ou dégoût anticipé, sa sécurité alimentaire et s'il s'agit d'une méthode plus durable. Ils se posent également des questions sur son impact social et craignent que cela n'entre en conflit avec les questions de genre et d'identité nationale. "La génération Z valorise la réputation de l'Australie en tant que fournisseur de bétail et de viande de qualité, décrypte la Dr Bogueva. Beaucoup considèrent que la consommation de viande traditionnelle est étroitement liée aux concepts de masculinité et d'identité culturelle australienne."

Les chercheurs affirment observer deux visions du monde : l'une "hostile" considère que la viande de synthèse est "une autre chose dont notre génération doit se soucier" en mettant en question les motivations de ceux qui la développe, tandis que l'autre "favorable" estime que c'est "de l'argent investi pour une bonne cause" et "un geste intelligent" par des gens qui sont des "visionnaires". "Cette génération a de vastes informations à portée de main, mais elle craint toujours de se retrouver avec l'héritage du capitalisme qui ne profite qu'à quelques-uns au détriment de beaucoup, constate l'auteure principale de l'étude. Ils ont été témoins qu'un tel comportement entraînait le changement climatique et ils craignent maintenant qu'un scénario similaire ne se développe en ce qui concerne l'alimentation, d'autant plus que les investisseurs aspirent à une adoption élargie de la viande de culture."

Dans ce sondage, 17% des répondant rejettent toutes les alternatives à la viande - dont celle de synthèse ou la consommation d'insecte; 11 % estiment qu'il faut tendre vers un régime végétarien; 35% refusent la viande in vitro et les insectes mais se disent prêts à consommer plus de protéines végétales car "cela leur semble plus naturelle", plus "normal"; 28% se disent prêt à manger de la viande de laboratoire ou peut-être à condition que la technologie soit maîtrisée; 9% préfèrent manger des insectes plutôt que de la viande cultivée jugée trop artificielle.