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Prévention

H7N9 : des scientifiques vont créer des virus mutants adaptés à l’Homme

Par Afsané Sabouhi

Pour anticiper une éventuelle pandémie, des virologues annoncent leur intention de créer en laboratoire un virus de grippe H7N9 mutant adapté à l’espèce humaine.

AP/SIPA

Devancer la nature pour anticiper une future pandémie. Vingt-deux virologues du monde entier ont annoncé, dans une lettre commune publiée dans les deux revues scientifiques de référence Science et Nature, leur intention de créer des formes mutantes plus transmissibles du virus de la grippe aviaire H7N9, afin d'évaluer plus facilement les risques de pandémie que représenterait sa transmissibilité d'un humain à l'autre.

 

Anticiper la mutation d’H7N9 en virus adapté à l’Homme

La grippe aviaire H7N9 a pour le moment infecté 133 personnes en Asie et provoqué 43 décès. Le premier cas de transmission probable de ce virus grippal entre un père et sa fille dans l’Est de la Chine a été publié mardi. Mais comme le soulignait hier pour Pourquoi Docteur le Pr Sylvie van der Werf, responsable du Centre national de référence des virus grippaux à l’Institut Pasteur à Paris : « ce premier cas de transmission interhumaine probant ne signifie pas que le virus aviaire H7N9 s’est adapté à l’Homme et qu’il est désormais capable de passer facilement d’un individu à l’autre ». En d’autres termes, le virus est bien passé du père à sa fille qui s’est occupé de lui au début de sa maladie mais il n’a pas encore muté en un virus à haut risque facilement transmissible d’homme à homme, par la salive ou le contact des mains.
 

C’est cette étape que les chercheurs veulent lui faire franchir en laboratoire pour pouvoir anticiper le comportement d’un éventuel futur virus pandémique. Devancer ainsi la nature permettra aux virologues d’évaluer la dangerosité du virus, ses capacités de transmission, d’adaptation aux autres virus grippaux circulants et de résistance aux traitements antiviraux.

 

Crainte de bioterrorisme

Ce type de recherches, déjà effectuées en 2011 sur le virus H5N1, suscite l’inquiétude des autorités qui craignent leur détournement à des fins de bioterrorisme. Les autorités américaines en charge de la biosécurité avaient d’ailleurs dans un premier temps censuré les publications scientifiques concernant ces virus H5N1 mutants. « La nature est la plus grande menace contre nous, pas ce que nous faisons dans le laboratoire », a estimé Ron Fouchier, le virologue néerlandais en charge du projet, au micro de l’agence Reuters. « Il y a des couches et des couches et des couches de sécurité biotechnologique, de façon à ce qu'en cas de rupture de l'une d'entre elles, les autres empêcheront toute échappée de ce virus dans la nature », a affirmé ce spécialiste. Le ministère américain de la Santé a d’ores et déjà indiqué que toutes recherches qu'il finance visant à créer des virus H7N9 capable de se transmettre entre des mammifères par voie aérienne feraient l'objet d'un examen accru.