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Témoignage

Adolescents et sexualité : amours de vacances, mode d'emploi

Par Floriane Valdayron

Chez les adolescents, l'été va souvent de pair avec les amours de vacances. Faut-il en parler à ses parents ? Les relations estivales ont-elle une chance après la rentrée ? Julie, 16 ans, témoigne.

jacoblund/iStock

Quel que soit son âge, l'été est une période propice aux rencontres. "Il y a une sorte d'esprit de légèreté, notamment avec la perspective des vacances", envisage Claire Alquier, sexologue spécialisée en santé sexuelle et en prévention. Une tendance qu'elle constate particulièrement chez les adolescents, d'autant plus dans le cadre de séjours entre amis ou en colonie, sans parents.

"Même dans les vacances en famille, je pense que l'été favorise les rencontres, nuance l'experte. J'ai entendu beaucoup d'histoires qui se sont déroulées dans ces conditions, à la plage, avec des sorties sans les parents et une plus grande liberté accordée car il s'agit des vacances. Cela permet d'aller se rencontrer différemment".

"Je savais que j'allais être beaucoup plus libre"

Julie, 16 ans, en a fait l'expérience. Partie seule avec son père au début du mois de juillet pour trois semaines à près de 700 kilomètres de Paris, en bord de mer, l'adolescente a noué une relation avec un autre lycéen. “Pour être honnête, je me doutais que j'allais rencontrer quelqu'un cet été pendant les vacances, car je savais que j'allais être beaucoup plus libre : mon père sort pas mal de son côté et me laisse mon indépendance", raconte-t-elle. 

En couple depuis un mois et demi avant de partir en vacances, Julie s'est fait quitter par son ex quelques jours après son départ. "À ce moment, j'avais déjà fait la connaissance de deux autres adolescents ; ils m'avaient demandé mon numéro sur la plage, mais je n'avais pas d'intention particulière, vu que j'étais encore en couple, indique la jeune femme. Ensuite, quand on a commencé à plus discuter et se voir, ils m'ont présenté leurs amis, dont un garçon avec qui j'ai beaucoup accroché ; très vite, il est devenu mon petit copain".

"On passait tout notre temps ensemble"

Au début, les deux jeunes se voyaient l'après-midi. Puis, rapidement, ils se sont mis à passer la soirée ensemble. "Au fur et à mesure, dès que je me réveillais, j'allais le retrouver : on passait tout notre temps ensemble, jusqu'à ce que je doive rentrer chez moi vers 1 heure du matin", se remémore Julie.

Leur journée "classique" débutait par des balades vers la plage le matin. Ensuite, le midi, la lycéenne mangeait chez son copain, à moins qu'ils ne grignotent quelque chose à l'extérieur. "Comme il a une petite moto, il m'emmenait dans des endroits un peu 'confidentiels', avec des vues superbes, l'après-midi, précise l'adolescente dans un sourire. Le soir, on mangeait de nouveau chez lui ou à l'extérieur, puis on passait une partie de la soirée sur la plage, avant de se poser chez lui ou dans l'appartement que mon père louait".

Trouver des personnes ressources pour aborder la sexualité

De son coiffeur en passant par sa voisine, ses amis, son frère, ses parents et sa grand-mère, Julie a rencontré quasiment tout l'entourage de son copain. "Lui a vu mes deux sœurs, qui sont venues quelques jours, et mon père, avec qui il a bien accroché. Il a fait une très forte impression sur lui", poursuit la jeune femme. Selon elle, c'est vivre sa relation au grand jour qui a fait que son père lui a permis de passer une nuit chez son petit ami. 

En revanche, si les deux jeunes ont discuté de la possibilité d'avoir des rapports sexuels, Julie ne s'est pas entretenue à ce sujet avec son père. "Je connais peu d'adolescents enclins à en parler avec leurs parents, estime Claire Alquier. Ce que je trouve important, ce serait plutôt que les jeunes aient pu avoir les informations de personnes ressources, qu'il s'agisse de sites internet, du planning familial, d'associations, d'amis, de frères et sœurs, ou encore de cousins". La clé : ne pas hésiter à poser ses questions et à demander des conseils.

"On continuera à essayer de se voir une fois par mois"

Bien que Julie et son petit ami aient finalement décidé de ne pas passer à l'acte, ils se sont déjà revus à Paris, au début du mois d'août, chez le père de la lycéenne. "Même si on habite à quatre heures de train l'un de l'autre, on continuera à essayer de se voir une fois par mois, assure-t-elle. Ce n'est pas l'aspect vacances d'été qui nous a rapprochés ou qui a fait que c'était si bien”

Pour le jeune couple, la question de la distance ne se pose pas. "On a tous entendu des jolies histoires, où les deux personnes correspondaient pendant des mois et essayaient de se revoir dans l'année, avance Claire Alquier. Cela peut effectivement marcher : tout dépend du contexte. Quand on a 15 ans et qu'on n'habite pas dans la même ville, il me semble compliqué d'entreprendre une relation à distance quand les parents ne nous laissent pas forcément partir comme on veut et lorsque l'on n'a pas beaucoup d'argent". Julie se sent chanceuse : son père a déjà proposé à son copain de revenir quand il le voudra à Paris. À une condition, cependant… Que la lycéenne reste studieuse.