ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Sport : une activité physique modérée permettrait de réduire les hospitalisations

Economies de Santé

Sport : une activité physique modérée permettrait de réduire les hospitalisations

Par Raphaëlle de Tappie

Une activité physique, ne serait-ce que modérée, permettrait aux personnes âgées de 40 à 79 ans de passer moins de temps à l’hôpital, ce qui permettrait aux Etats d'importantes économies de santé. 

LightFieldStudios/iStock

Le sport c’est bon pour la santé, on ne le dira jamais assez. Les études scientifiques ne cessent de démontrer les bienfaits de l’activité physique. Faire du sport régulièrement permettrait de réduire les risques cardiovasculaires, de cancer, de surpoids et d’obésité, aiderait à mieux dormir et même à combattre la dépression. D’après une nouvelle étude publiée le 6 mai dans la revue BMC Geriatrics, une activité physique, ne serait-ce que modérée, conduirait également les hommes et femmes âgées de 40 à 79 ans à passer moins de temps à l’hôpital, ce qui permettrait aux pays de faire des économies de Santé considérables.  

Pour leurs travaux, des chercheurs du département de santé publique et de soins primaires de l'université de Cambridge (Royaume-Uni) et de l'unité d'épidémiologie du Medical Research Council (MRC) se sont basés sur une étude de la population britannique menée auprès de de 25 639 hommes et femmes âgés de 40 à 79 ans vivant dans le Norfolk et recrutés dans les cabinets de médecine générale entre 1993 et 1997. 

Les participants ont rempli un questionnaire sur leur mode de vie. L'activité professionnelle a été évaluée à l'aide d'une question à quatre catégories (“sédentaire”, “debout”, “travail physique modéré” et “travail manuel lourd”). Les activités de loisirs ont quant à elles été examinées à partir du nombre d'heures par semaine passées à faire du vélo, à assister à des cours de remise en forme ou d'aérobic et à nager ou à faire du jogging. En plus de ces questionnaires, les participants ont également été soumis à des tests pour surveiller leur fréquence cardiaque au fil des ans.

“De petites augmentations réalisables de l’activité physique”

Les chercheurs ont ainsi observé que pendant les dix premières années de l’étude, les participants qui pratiquaient une activité physique régulière, ne serait-ce que modérée, avaient 25 à 27 % de risques en moins d’être hospitalisés plus de 20 jours ou de se rendre à l’hôpital plus de sept fois par an que les autres. Les résultats ont été similaires les dix années suivantes. Mieux encore : sur 9 827 participants à l'étude ayant fait l'objet de mesures répétées, ceux qui sont restés physiquement actifs ou ont augmenté leur activité au fil des ans avaient 34% de risques en moins de passer 20 jours à l'hôpital.

Les scientifiques reconnaissent toutefois quelques limites à leur étude : ainsi les participants pourraient être physiquement inactifs en raison d’une maladie préclinique qui pourrait également les prédisposer à une hospitalisation ultérieure plus lourde. Toutefois, les analyses de sensibilité excluant les personnes ayant déclaré une maladie chronique au départ, n’ont pas changé de manière significative les principaux résultats, assurent-ils.

"Notre étude fournit certaines des preuves les plus claires à ce jour que de petites augmentations réalisables de l'activité physique habituelle réduisent considérablement le recours futur à l'hôpital des personnes d'âge moyen et des personnes âgées, et allégeraient considérablement la pression sur le National Health Service (NHS)", commente Robert Luben, de l'Institut de la santé publique et auteur principal de l’étude. 

Promouvoir le sport-santé pour des “solutions durables”

Ainsi, les conclusions de cette étude montrent que les habitudes d’activité physique de la population générale permettent de prévoir le recours à l’hôpital au cours des deux prochaines décennies. Pour chaque personne inactive ayant commencé à faire ne serait-ce qu’un peu de sport, le NHS pourrait économiser environ 7% des dépenses de santé par habitant au Royaume-Uni, assurent les chercheurs.  

En France, le ministère des Sports pousse lui aussi les citoyens à faire davantage d’activité physique afin de réduire les dépenses de santé. “Puisqu’il est désormais largement admis que la pratique d’une activité physique régulière réduit les risques associés à de nombreuses maladies chroniques, la promotion de l’activité physique est devenue une priorité de santé publique dans de nombreux pays et fait l’objet de recommandations des autorités sanitaires internationales. Ces politiques s’appuient sur des études économiques basées sur l’estimation du coût engendré par la sédentarité pour la collectivité, qui se sont généralisées ces dernières années. Dans le prolongement des études épidémiologiques établissant la sédentarité comme facteur de risque de nombreuses maladies, elles fournissent aux décideurs des outils leur permettant de juger du potentiel d’économies d’une action forte en faveur de la promotion de la pratique sportive. En responsabilisant notamment l’assuré social, la promotion du sport-santé permet d’offrir des solutions durables à des pouvoirs publics soucieux d’assurer la soutenabilité de systèmes de protection sociale confrontés au double défi de la contraction des sources de financement et de l’accroissement simultané des dépenses”, est-il écrit sur son site.

Les jeunes français ne font pas assez de sport

D’après une étude réalisée l’an dernier par l’OMS, ce sont en effet les décideurs politiques qui doivent prendre des mesures pour permettre à leurs concitoyens de faire plus de sport, surtout en ce qui concerne les jeunes. “Ces politiques doivent favoriser le développement de toutes les formes d’activité physique, notamment l’éducation physique, le jeu actif et les activités récréatives, et mettre en place des environnements sûrs pour que les jeunes puissent marcher et faire du vélo sans surveillance”, concluent-ils. Toutefois d’après cette étude, en France, les jeunes seraient loin de suivre les recommandations des autorités sanitaires en matière d’exercice, soit une heure d’activité modérée ou intense chaque jour. Sur 146 pays étudiés, la France est à la 119e place du classement. 

Un phénomène qui a certainement empiré durant le confinement. D’après un sondage Ifop paru mercredi 6 mai, la sédentarité forcée aurait d’ailleurs conduit les Français à prendre en moyenne 2,5 kilos ces deux derniers mois (+2,7 kg pour les hommes et +2,5 kg pour les femmes). Parmi les sondés ayant pris du poids, 65% ont déclaré ne jamais avoir fait de sport pendant le confinement et 11% avoir accordé moins temps à la préparation de repas équilibrés. Cela pourrait s’expliquer, selon les auteurs de l’enquête, par “l'explosion du temps à consacrer aux enfants (activités de soins, aide aux devoirs, loisirs...) à partir dès la fermeture des écoles”. Par ailleurs, 20% ont mangé en plus grande quantité, 42% ont consommé plus d’alcool et 23% plus de chocolat qu’avant. En effet, le stress lié à la situation anxiogène et frustrante du confinement a poussé de nombreuses personnes à adopter des comportements addictifs. “Les grignotages ont été accentués par l'anxiété liée à une situation générale incitant à la recherche d'aliments sucrés (biscuits, chocolat, gâteaux…) qui rassurent”, expliquent notamment les auteurs de l'étude.