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Interview

Confinement, ils témoignent : “mon fils autiste était déstabilisé”

Par Barbara Azaïs

Depuis le début du confinement, nombre d'entre vous ont accepté de nous raconter leur quotidien. Houda, maman de 4 enfants, nous parle du confinement de son fils souffrant du trouble du spectre de l'autisme. 

goodmoments/iStock
L'enfant a été très déstabilisé au début du confinement par les changements dans ses habitudes de vie
La famille est en contact avec l'institut dans lequel il est scolarisé et s'inquiète de la prise en charge de l'enfant s'il était infecté

“C'est mon aîné, il a 12 ans. La première semaine était vraiment très dure : comme le confinement a été annoncé la veille pour le lendemain, il n'y était pas préparé. Et ces enfants ont besoin de préparation. Il n'a pas compris, il déjeunait, s'habillait et attendait le transport pour aller à l'école. Quand je lui disais que non, que c'était différent, c'était la crise.

Il est non verbal, il comprend les petites consignes, notamment si on utilise des images, mais il a besoin de préparation et de régularité. Il est scolarisé dans un institut médico-éducatif (IME). Lorsque les vacances approchent, les éducateurs préparent les enfants une semaine à l'avance pour qu'ils comprennent que leur routine changera pour un temps. Là, ça n'a pas été le cas, il était déstabilisé. Il a fait de grosses crises de colère, de frustration. 

“Tant qu'il peut sortir au moins dans le jardin, ça va”

L'IME a établi un contact régulier : la directrice nous appelle une fois par semaine, de même que la psychométricienne. Nous recevons également deux appels hebdomadaires de la part des éducatrices. Ils nous ont proposé un rythme au début du confinement, j'ai choisi d'être contactée tous les deux jours pour un meilleur suivi.

Ils nous ont envoyé du matériel la deuxième semaine : des images, des “objets” pour travailler quotidiennement sa motricité. Ils nous ont aussi envoyé une partie scolaire basique par mail, mais sans le surcharger de travail. Heureusement, nous avons la chance d'avoir un jardin, donc il sort, il fait du toboggan et du trampoline, c'est bon pour la motricité. 

Des fois, on nettoie la voiture devant la maison, donc on le fait sortir avec nous devant. Il n'y a pas de lieux où il avait l'habitude d'aller, où il avait ses repères (excepté parfois en courses avec moi) donc il n'est pas bouleversé de ne pas se rendre dans un lieu en particulier. Tant qu'il peut sortir au moins dans le jardin, ça va. Il ne déprime pas et n'affiche aucun signe de régression. 

“Je ne sais pas s'il comprend ce qu'est le coronavirus”

Je ne sais pas s'il comprend ce qu'est le coronavirus. On a essayé de lui expliquer, mais il nous regarde et comme il ne parle pas, est-ce qu'il comprend ? Je ne sais pas. On a expliqué à nos 4 enfants qu'il y avait un virus, que c'était risqué de sortir, que papa sortait uniquement pour aller travailler et maman pour faire les courses, mais je ne sais pas s'il a compris. Parfois, on pense qu'il ne comprend pas quelque chose parce qu'il ne répond pas, mais il le fait par la suite, ce qui prouve qu'il avait saisi, donc…

Pour le moment, l'IME ne sait pas encore comment la reprise s'organisera. Ils n'ont pas reçu de directives. Toutefois, si c'était le cas, ils nous aideraient à préparer le retour, afin de ne pas le déstabiliser comme au début. De toute façon, si l'école reprend le 11 mai sans tests de dépistage, je ne remettrai pas mes enfants à l'école.

Déjà actuellement, je ne le sors pas, j'aurais peur qu'il attrape quelque chose, et comme il est terrorisé par le milieu hospitalier, il vivrait très mal une éventuelle hospitalisation, ça pourrait aggraver son état. Il a comme un traumatisme. De plus, je ne sais pas s'il serait intubé comme les autres en cas d'hospitalisation pour une forme sévère du Covid-19, ou non prioritaire du fait de son handicap. Donc mieux vaut prévenir, que guérir.”