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Témoignages

Confinement : 11% des Parisiens ont déserté la capitale

Par Floriane Valdayron

Crainte d'attraper le Covid-19, envie de se mettre au vert, interrogations sur le fait de cohabiter avec son compagnon 24 heures sur 24… Pendant le confinement, nombre de Parisiens ont décidé de quitter la capitale. Témoignages.

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La population de Paris compte quelques milliers d'habitants de moins: ils sont partis en province pour la durée du confinement
Des témoignages sur les raisons de ces départs

Si les logements parisiens sont d'habitude très prisés, le confinement en a vidé plus d'un. D'après l'Insee, la capitale a vu sa population présente en nuitée diminuer d'un quart, en passant de 580 000 à 610 000 personnes. Pour l'institut, trois cas de figure se manifestent à travers ces données.

D'abord, la baisse s'expliquerait à 40% par le départ de résidents d'autres départements français de passage à Paris. Idem pour les étrangers de passage dans la capitale : leur retour chez eux représenterait 28 % de la diminution. Enfin, l'installation de Parisiens dans un autre lieu le temps du confinement constituerait 33% de la baisse. Ainsi, 11% des résidents parisiens seraient partis se confiner ailleurs. 

“J'ai fait ce choix par précaution”

C'est le cas de Marie-Annick, 70 ans, qui est partie en Bretagne pour prendre soin de sa mère. “Je ne voulais pas la ramener à Paris. Elle avait besoin de soins au quotidien et elle n'était pas en mesure de comprendre tout ce qu'il se passe actuellement, donc elle n'aurait pas pu faire ses courses de manière prudente, par exemple, raconte la retraitée. J'ai fait ce choix par précaution, au cas où le confinement dure plus d'un mois. J'ai pris la bonne décision.”

Bien que ce n'était pas l'objet de son départ, Marie-Annick apprécie d'être confinée dans une ville plus petite que Paris. “Il y a moins de densité de population, donc on se sent beaucoup moins vulnérable, relate la septuagénaire. Si l'on fait très attention, on sait que l'on n'attrapera pas le virus, puis il y a beaucoup moins d'attente dans les magasins.”

“J'ai privilégié l'environnement”

Même son de cloche chez Thérèse*, 58 ans, qui vit très bien le fait d'être confinée à Cancale, en Ille-et-Vilaine. “J'ai privilégié l'environnement, explique la quinquagénaire, éducatrice dans un lycée. À Paris, j'ai un deux-pièces de moins de 40m2. Ici, je suis dans une maison de famille que je partage avec trois de mes enfants.” Elle restera en Bretagne jusqu'à ce que l'établissement scolaire dans lequel elle travaille ouvre à nouveau ses portes. 

“C'est controversé de quitter Paris, mais je ne regrette pas du tout”

Si Thérèse n'a pas directement été victime de l'hostilité des locaux, elle a lu à plusieurs reprises dans les médias régionaux que la réaction de certains habitants à l'arrivée de Parisiens avait été violente. “Des mots ont été écrits sur les voitures qui n'étaient pas immatriculées 35, ou encore sur des portails de maisons dont les volets s'ouvraient après un certain temps, relate la Parisienne. J'ai aussi vu des commentaires haineux sur les réseaux sociaux, dans lesquels des habitants disaient : ‘Vous nous apportez le Covid-19, rentrez chez vous’”.

À l'inverse, Raphaëlle, 30 ans, confinée dans l'appartement de vacances de sa mère dans les Alpes du Sud, a été témoin de la compréhension de certains habitants. Elle évoque notamment des commerçants avec lesquels elle a pu s'entretenir, ainsi que les gendarmes qui l'ont contrôlée lorsqu'elle est arrivée de Paris. “Avec mon copain, nous sommes partis en voiture : on a voulu faire les choses correctement, pour ne pas participer à la propagation du virus, assure l'ingénieure commerciale. C'est controversé de quitter Paris, mais je ne regrette pas du tout : on a vue sur les montagnes, avec du vert tout autour… Il y a comme un petit air de vacances”, raconte la jeune trentenaire.

“Passer du temps dans un jardin m'a vraiment aidée à mieux vivre la situation”

À l'origine, c'est le manque de luminosité de son appartement qui l'a poussée à s'installer ailleurs le temps du confinement. “Je l'aime beaucoup mais le soleil n'entre pas directement dedans, donc j'ai eu un petit peu peur de devoir y passer plusieurs semaines, confie Raphaëlle. D'autant que rester dans une petite surface avec mon copain m'inquiétait aussi : même si tout va bien entre nous, ce n'est pas évident de cohabiter avec une seule personne 24 heures sur 24 sans pouvoir s'en détacher.”

C'est également ce raisonnement qui a poussé Gabrielle*, 25 ans, à quitter le 27m2 parisien dans lequel elle vit avec son compagnon. Elle a choisi de passer le confinement dans la maison de sa mère, située dans une petite ville du Val d'Oise. Une décision qui s'est révélée salvatrice. “J'ai découvert le 20 mars que j'étais atteinte du Covid-19, raconte la jeune femme. Comme je ne pouvais plus du tout sortir car je ne voulais pas contaminer d'autres personnes et que mon état physique ne me le permettait pas, avoir de l'espace et pouvoir passer du temps dans un jardin m'a vraiment aidée à mieux vivre la situation.”

* Les prénoms ont été modifiés.