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Etude Santé Publique France

Antibiotiques : les Français en consomment moins qu'avant

Par Raphaëlle de Tappie

Les Français consomment un peu moins d'antibiotiques qu'avant, annonce Santé publique France dans un rapport paru ce lundi 18 novembre, à l'occasion de la semaine mondiale pour le bon usage de ces médicaments. 

Gam1983/iStock

Des résultats “encourageants”. Les Français consomment moins d’antibiotiques qu’avant, selon un rapport officiel de Santé Publique France publié ce lundi 18 novembre à l’occasion de la semaine mondiale pour un bon usage de ces médicaments. L’objectif de cette semaine étant de sensibiliser le grand public à l’antibiorésistance, soit le fait que de plus en plus de bactéries deviennent résistantes aux antiobitiques.

Pour en arriver à ces réjouissantes conclusions, Santé publique France a examiné le nombre de doses d’antibiotiques consommées et le nombre de prescriptions en ville (hors hôpital), qui représente 93% de la consommation totale des Français. Après observation, “des résultats encourageants sont observés : la consommation globale des antibiotiques, exprimée en doses définies journalières (DDJ), se stabilise. Exprimée en nombre de prescriptions, elle baisse de 15% de 2009 à 2018”, note le rapport.

Mais dans le détail, si la consommation diminue chez les jeunes, elle augmente en revanche chez les plus de 65 ans, plus vulnérables. Qui plus est, la prise d’antibios varie d’une région à l’autre : elle dépasse la moyenne nationale en PACA et dans les Hauts-de-France mais se situe en revanche en dessous dans les Pays-de-la-Loire, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Bretagne.

La France, mauvais élève de l'Europe 

“Je pense qu’il y a une prise de conscience générationnelle. Je le vois avec mes internes : de temps en temps je me dis que ce serait bien de prescrire des antibiotiques et eux me disent ‘non pas question’”, explique Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président de la Fédération des médecins de France à BFMTV. Mais pour le directeur du service des maladies infectieuses de Santé publique France, Bruno Coignard, cette baisse de consommation d’antibiotiques vient également des patients. “Les patients sont peut-être moins demandeurs des antibiotiques, ça fait moins de 10 ans qu'on leur dit ‘les antibiotiques c'est pas automatique’ mais il faut continuer car aujourd'hui deux tiers savent que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les infections virales”, déclare-t-il.

Il reste cependant beaucoup à faire, la France restant le troisième pays européen le moins performant en la matière derrière la Grèce et Chypre. “On consomme trois fois plus de médicaments en France qu'aux Pays-Bas alors que la fréquence des infections dans ces deux pays est a priori la même”, affirme Bruno Coignard à RTL. Pourtant, “l'Assurance maladie pourrait économiser 400 millions d'euros si la consommation française était la même que celle des Pays-Bas”, assure le rapport.

D’après le Dr Coignard, cette différence de pratique est culturelle. En France, “la prise en charge repose beaucoup sur un traitement: un patient attend une ordonnance à la sortie” d'une consultation, explique-t-il à BFMTV.

Certains médecins vont vouloir “taper large et essayer de résoudre un problème par un traitement antibiotique d'emblée, plutôt que de dire au patient ‘revenez dans les jours qui viennent si c'est nécessaire’”, renchérit le Dr Gabriel Birgand. Aussi, pour Bruno Coignard, “l'enjeu n'est pas seulement de prescrire moins, mais mieux”, en réfléchissant au choix du type d'antibiotiques ou à “la durée de traitement, qui peut être moins longue.”

Pour un meilleur usage des antibiotiques 

Enfin, le rapport de Santé publique France s’est penché sur la bactérie Escherichia Coli, très courante et notamment à l’origine des infections urinaires dont souffrent tellement de femmes. Après une hausse entre 2012 et 2015, la résistance de cette bactérie aux antibiotiques appelés “céphalosporines de troisième génération” (C3G) baisse depuis 2016. Et ce, en ville comme en Ehpad. Si ce phénomène doit encore être confirmé, un meilleur usage des antibiotiques en France pourrait être une explication, avancent les experts.

“Il est donc primordial de continuer à promouvoir et d’amplifier les actions en faveur d’un bon usage des antibiotiques auprès de tous les acteurs concernés : citoyens, patients, professionnels de la santé humaine et animale, et décideurs”, conclut le rapport de Santé publique France. Car “la consommation d’antibiotiques est l’un des principaux facteurs qui explique l’apparition et la diffusion de bactéries multi-résistantes”, rappelle Dr Coignard.

Ces dernières années, l’antibiorésistance est devenue un véritable enjeu de santé publique. En 2014, dans un rapport de surveillance effectué sur 114 pays, l’OMS a dressé un constat alarmant : des infections bénignes pourraient tuer à nouveau faute d'antibiotiques efficaces. De nombreux scientifiques travaillent donc depuis plusieurs années sur le sujet, essayant notamment de déployer des virus naturels du nom de bactériophages pour infecter et tuer les bactéries.