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Epidémie

Grippe 2019-2020 : la maladie reste trop souvent sous-estimée

Par Charlotte Arce

Alors que la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a débuté la semaine dernière, le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France montre que la grippe reste une maladie souvent sous-estimée par les jeunes seniors et les femmes enceintes, mais aussi par les professionnels de santé.

Pornpak Khunatorn/iStock

Mardi 15 octobre débutait officiellement la campagne de vaccination contre la grippe. Désormais, il est possible de se faire vacciner non seulement dans un cabinet médical ou d’infirmière, mais aussi, suite à l’expérimentation réussie menée à l’automne dernier dans plusieurs régions, dans les pharmacies.

C’est d’ailleurs un paradoxe : alors que l’accès à la vaccination contre la grippe saisonnière n’a jamais été aussi facile, la maladie et ses conséquences restent encore sous-estimées, notamment par les populations à risque, à commencer par les jeunes seniors et les femmes enceintes.

Les jeunes seniors et les femmes enceintes en première ligne

C’est ce que révèle le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 21 octobre de Santé publique France. Alors qu’ils sont les plus fragiles en cas d’épidémie, les seniors de moins de 70 ans voient la grippe saisonnière comme une maladie “banale”. Seuls ceux qui l’ont déjà attrapée par le passé seraient enclins à la vaccination.

Quant aux femmes enceintes, elles sont une majorité à ignorer les symptômes de la grippe, mais aussi les conséquences que peut avoir la maladie sur la santé de leur enfant. Elles estiment aussi que le vaccin pourrait représenter un danger pour leur bébé. Selon Santé publique France, seules 7,4% des femmes enceintes ont déclaré avoir été vaccinées contre la grippe saisonnière en 2016, soit un taux largement inférieur à celui des autres groupes à risque.

Les professionnels de santé, pas assez vaccinés

Autre sujet de préoccupation soulevé par Santé publique France : la faible couverture vaccinale chez les professionnels de santé. L’an dernier, seuls 32% des personnels soignants des Ehpad se sont fait vacciner. À l’hôpital, 68% des médecins, 36% des infirmiers et 21% des aides-soignants ont reçu le vaccin.

Insuffisant, selon Santé publique France et l’Assurance maladie, qui espèrent convaincre les soignants en contact direct avec les patients les plus fragiles de passer par la case vaccination pour éviter de propager le virus de la grippe. Pour cela, des fiches pratiques sont à partir de cette année mises à disposition des médecins. Par ailleurs, une expérimentation débutera cet hiver, et pour trois ans, en Normandie et en Île-de-France pour inciter les professionnels de santé qui y exercent à se faire vacciner.

8 100 décès imputés à la grippe en 2018-2019

Cette sensibilisation des professionnels de santé à la vaccination est d’autant plus nécessaire que l’épidémie de grippe 2018-2019 a été courte mais particulièrement sévère.

Santé publique France rappelle qu’elle “a débuté début janvier en France métropolitaine, a atteint son pic au cours de la première semaine de février et s’est terminée fin février, soit 8 semaines d’épidémie”.

Au cours de ces 8 semaines, plus de 10 700 hospitalisations après recours aux urgences pour syndrome grippal ou été recensées, et plus de 1 800 cas graves admis en réanimation. Au total, environ 8 100 décès ont été attribués à l’épidémie de grippe l’an dernier.

“Son impact important sur les hospitalisations et la mortalité rappelle la gravité de la maladie et l’intérêt de la prévention, insiste Santé publique France. À savoir la vaccination chez les personnes à risque, complétée de mesures barrières afin de limiter la diffusion du virus dans l’entourage des cas, ainsi que l’utilité d’un traitement antiviral précoce, particulièrement chez les sujets à risque.”