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Alimentation

Des noms de plats attractifs aident à choisir une nourriture saine

Par Angéline Galinier-Warrain

Evoquer le plaisir gustatif dans le nom de plats diététiques peut inciter à mieux s'alimenter.

Kuzmin Semen/iStock

Utiliser des noms de plats attractifs pour manger sainement

 

Bien manger n'est pas toujours facile, on incite les gens à éviter certains aliments mais en réalité cela ne les influence pas à mieux manger. Ce qui fonctionne, soutiennent maintenant les psychologues de Stanford, c'est de mettre en évidence à quel point les aliments peuvent être savoureux. Des étiquettes évocatrices peuvent amener les gens à choisir de consommer plus de légumes qu'ils ne le feraient, dans la mesure où les aliments sont préparés avec saveur.

Alia Crum, professeure adjointe de psychologie et l'auteur principal de ce nouvel article a déclaré : « Cette approche de l'alimentation saine est radicalement différente de notre culture actuelle qui, en mettant l'accent sur la santé a négligé le goût, et inculque par inadvertance l'état d'esprit selon lequel une alimentation saine est sans goût et sans plaisir »

Une astuce pour faire aimer les légumes !

Il y a environ trois ans, Crum, Turnwald et Danielle Boles, une étudiante diplômée du laboratoire de Crum, se sont associées à « Stanford Residential and Dining Enterprises » pour essayer une nouvelle approche. Ils ont observé que les plats à base de légumes et portant un nom attractif étaient les plus fréquemment choisis. Au contraire, les plats dont l’intitule incluait une mention dite restrictive sur la sante : « allégé », « pauvre en graisses », « complet » étaient les moins choisis, alors que les recettes étaient strictement les mêmes.

Les étudiants ont ainsi bien apprécié les « haricots crépitants » (sizzlin' beans), les « betteraves-dynamite » (dynamite beets) ou encore les « entortillées de carottes glacées au citron » (twisted citrus-glazed carrots) ... Alors que les mêmes plats, présentés sous un autre intitule, qui insiste davantage sur l’aspect sain, remportaient nettement moins d’adhésion. Ces travaux confortent l’idée que promouvoir une bonne alimentation en mettant en avant les arguments santé peut être contre-productif. Utiliser des noms attractifs ou de super héros serait une stratégie gagnante chez les enfants.

Expérience élargie au niveau nationale

La nouvelle étude, publiée le 2 octobre dans Psychological Science, reproduit et étend ces résultats sur une période de trois mois. Crum, Turnwald et ses collègues ont répété leur expérience dans cinq autres salles à manger universitaires à travers le pays. En collaboration avec le Menus of Change University Research Collaborative (MCURC), un réseau national de 57 collèges et universités pionniers de la recherche visant à améliorer une alimentation saine et durable. L’équipe a suivi près de 140 000 étudiants sur 71 plats de légumes qui avaient été étiquetés avec des noms axés sur le goût, la santé ou neutres.

Le choix des mots à son importance

Selon l’étude, 29% des étudiants ont choisi de mettre des légumes dans leurs assiettes lorsque les noms sont axés sur le goût par rapport aux noms axés sur la santé et 14% lorsque les noms sont axés sur le goût par rapport aux noms neutres. Les étudiants ont également mangé 39% plus de légumes en poids, rapport entre la quantité de légumes dans les assiettes et ce qui terminaient dans le compost.  

"Choisir les bons mots pour que l’étiquetage soit axé sur le goût fonctionne, explique Crum, parce qu'il augmente l'attente d'une expérience gustative positive. En particulier, lorsqu’il y a des références à des ingrédients tels que « ail » ou « gingembre », ou des méthodes de préparation particulières telles que « rôtie ». Les mots qui mettent en évidence l'expérience aident à convaincre que le plat est non seulement savoureux mais réconfortant. Malgré tout, donner des noms axés sur le goût à des légumes ne fonctionne que lorsque les plats ont l’air savoureux".

Une boite à outils pour l’étiquetage des plats

La nouvelle étude fait partie d'un projet plus vaste visant à rendre les aliments sains plus appétissants et moins contraignants. Cet effort s’inspire également de la boîte à outils « Edgy Veggies » de Stanford SPARQ. Un guide étape par étape sur la façon de mettre en œuvre un étiquetage axé sur le goût qui s'inspire des études de Crum et Turnwald. « Cette recherche a transformé la façon dont nous étiquetons les plats dans les salles à manger », a déclaré Eric Montell, directeur exécutif de la salle à manger de Stanford et codirecteur du MCURC. « Nous avons commencé à utiliser la boîte à outils de Stanford et nous l'avons reproduite au sein du MCURC ».

À long terme, Crum, Turnwald et ses collègues croient que la combinaison de recherches et d'outils pourrait avoir un impact général sur les habitudes alimentaires. « Au-delà des campus universitaires, cette recherche envoie un signal fort : il est temps de repenser de nombreuses stratégies existantes pour changer les mentalités en matière de santé », a déclaré Lori Melichar, directrice de la Fondation Robert Wood Johnson, la plus grande philanthropie du pays dédié uniquement à la santé, et supportrice de l'étude.