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Boulette automnale

Intoxication alimentaire : attention à ne pas prendre les marrons pour des châtaignes

Par Raphaëlle de Tappie

L'Anses a publié le 25 septembre un rapport où elle appelle les Français à bien faire attention à distinguer les châtaignes des marrons. Car si les premières sont comestibles, les seconds peuvent entraîner des troubles digestifs plus ou moins sérieux. 

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"Ils sont chauds mes marrons". Cette expression des vendeurs à la sauvette que vous allez bientôt commencer à entendre partout dans la rue est galvaudée. Car, non les marrons ne se mangent pas. Les fruits grillés dont vous vous régalez chaque automne sont en fait "une variété de grosses châtaignes cultivées pour leur consommation", explique l’Agence sanitaire Anses. Dans un rapport paru mercredi 25 septembre, cette dernière alerte sur la nécessité de bien distinguer les châtaignes des marrons d’Inde, qui poussent et tombent du marronnier. Car ces derniers sont toxiques et "peuvent entraîner des troubles digestifs tels que des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, ou des irritations de la gorge". 

Or en cette saison, les risques d’erreur lors du ramassage sont courants. En effet, la confusion entre marrons et châtaignes est assez fréquemment enregistrée dans les centres antipoison (11%). Elle arrive juste après celle de plantes à bulbes (12%) et précède celle des coloquintes ou les courges amères (8,5 %). En tout, les centres ont compté 257 cas de confusion alimentaires en 2013 et 263 cas en 2018. 

Outre leurs effets sur le système digestifs des humains, châtaignes et marrons viennent d’arbres très différents. "Le châtaignier est de la famille des chênes ou des hêtres. Le marronnier, lui, est importé, et c'est le seul représentant de sa famille en France", explique Marc-André Selosse, botaniste au Muséum d'histoire naturelle, au Parisien. Normalement, les châtaigniers préfèrent les sols acides. Vous les retrouverez plutôt dans les bois et les forêts tandis que les marronniers sont souvent plantés dans les parcs, allées et les cours d’école.

Les châtaignes sont plus petites, aplaties et triangulaires

Mais comment donc éviter que les bambins ne se trompent dans la cour de récréation? La châtaigne se présente sous forme d’une bogue "brune, hérissée de nombreux et longs piquants, et contient 2 à 3 châtaignes à la fois, plutôt petites, aplaties et triangulaires", décrit l’Anses. La capsule qui contient le marron d’Inde est, quant à elle, "épaisse, verte, pourvue de petits pics espacés et courts, et contient généralement un seul marron, plus gros et arrondi".

"S'il y a une pointe à l'opposé de la partie blanche, c'est une châtaigne, c'est en fait la trace de la fleur. À l'opposé, si le fruit est tout rond, c'est un marron, il ne s'agit pas d'une fleur mais d'une graine", précise Marc-André Selosse. Il arrive cependant que la pointe de la châtaigne soit cassée. Auquel cas vous jetterez la châtaigne sans risquer une intoxication alimentaire.

Mais ces marrons que les enfants aiment tant ramasser dans la cour de l’école ne sont pour autant pas complètement inutiles. En effet, "la saponine qui dissout la paroi de votre intestin peut aussi nettoyer votre linge", explique le botaniste au Parisien. Si vous n’aimez pas jeter les cadeaux, vous pourrez donc vous servir du marron offert par votre enfant pour faire votre propre lessive. 

Certaines confusions alimentaires peuvent être bien plus graves

Et, si dans le pire des cas, il vous arrivait de vous tromper, pas de panique, cette confusion n’est pas mortelle. D’autres plantes en revanche peuvent entraîner la mort si on les confond avec leur sosie comestible. Il y a quelques mois, un Nantais s’est tué en mangeant par erreur de l’œnanthe safranée (cousine de la cigüe) tandis que sa femme s’en est tirée avec de simples vomissements.

Le couple avait ramassé ce "navet du diable" (une racine et demie peut suffire à tuer un homme) dans son jardin en pensant qu’il s’agissait de persil tubéreux, qu’il cultivait et cuisinait. Car avec leurs feuilles dentées et leurs racines charnues, les deux plantes ont la même allure. L’œnanthe safranée peut également se confondre avec la carotte sauvage, le cerfeuil tubéreux ou encore le panais. Toutefois, au contraire de l’œnanthe safranée, aucune plante comestible n'a de gros tubercules attachés en botte à sa base dont le suc jaunâtre devient brun rouille.