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Après l'encre...

Tatouages : les aiguilles pourraient entraîner des allergies

Par Raphaëlle de Tappie

Les scientifiques mettent souvent en garde contre les encres de tatouages. Toutefois, les aiguilles utilisées pourraient elles aussi entraîner des allergies. En cause : la migration de particules du métal dans le corps. 

dimid_86/iStock

Autrefois réservés à une certaine classe sociale ou corps de métier, les tatouages sont aujourd’hui de plus en plus populaires, surtout auprès des Millenials. A l’heure actuelle, 12% des Européens sont tatoués. Face à l’émergence de cette tendance, l'Agence européenne des produits chimiques mettait en garde en 2018 contre les nombreux composants cancérigènes contenus dans les encres de tatouage. Mais il semblerait que les aiguilles soient également un facteur de risque. En effet, selon une étude parue mardi 27 août dans la revue spécialisée Particle and Fiber Toxicology, les particules de métal des aiguilles utilisées lors de tatouages pourraient migrer dans le corps, au risque de provoquer des allergies.

"Nous rapportons le dépôt de particules d'usure des aiguilles à tatouer de taille nanométrique et micrométrique dans la peau humaine qui se déplacent vers les ganglions lymphatiques", expliquent les chercheurs. Le plus souvent, les aiguilles de tatouage contiennent 6 à 8% de nickel et 15 à 20% de chrome, ce qui peut provoquer des réactions d’hypersensibilité et peut donc "jouer un rôle dans les allergies au tatouage".

En effet, les réactions indésirables provoquées par un dessin sur le corps (ou le visage) sont de plus en plus courantes, révèlent les scientifiques. Et si on épingle régulièrement les pigments utilisés pour les expliquer, c’est la première fois que les aiguilles sont également évoquées.  

"Une entrée supplémentaire du nickel dans la peau et les ganglions lymphatiques"

"Auparavant, on soupçonnait la contamination quasi inévitable par le nickel des pigments de fer d'être responsable des allergies au tatouage causées par le nickel", notent les chercheurs. Toutefois, "les données probantes de notre étude indiquent clairement que l'usure des aiguilles de tatouage entraîne une entrée supplémentaire de nickel dans la peau et les ganglions lymphatiques", écrivent-ils, appelant à mesurer l’impact "exact (des tatouages) sur la santé".

"Ce sont des effets à long terme qui ne peuvent être évalués que par des études épidémiologiques qui surveillent la santé de milliers de personnes sur des décennies", conclut Ines Schreiver, auteure princpale de l'étude.

Des risques associés "à la modification du corps"  

Cette étude, qui comprend des scientifiques du synchrotron européen de Grenoble (France) et plusieurs instituts et universités allemands, a été dirigée par des chercheurs de l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques. Car en Allemagne, deux tiers des personnes souffrent de séquelles traumatiques, retards de cicatrisation et autres lésions locales suite à un tatouage. Environ 6 % de ces maux sont chroniques.

En France, où 10% de la population aurait cédé à cette "pratique inquiétante" du dessin sur la peau, l’Académie nationale de médecine, a appelé en septembre 2017 à une meilleure régulation des produits de tatouage.

Des inquiétudes partagées avec l’Académie de médecine de pédiatrie des Etats-Unis, où près d’un ado sur trois serait tatoué d’après un sondage Harris de 2016. Dans un rapport paru il y a deux ans également, elle faisait l’inventaire des pratiques de tatouages et de piercing employées et des risques associés. "Il est important que les jeunes envisagent consciencieusement les conséquences et les risques associés aux modifications du corps", estimaient les pédiatres américains, recommandant aux ados de consulter un médecin avant de franchir le cap. En effet, outre les risques infectieux et toxiques, se faire marquer la peau peut avoir un lourd impact psychologique et des conséquences néfastes sur une recherche d’emploi future, mettaient-ils en garde.