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Espoir

Cancer : une nouvelle méthode pour fragiliser les défenses des tumeurs malignes

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs auraient trouvé une façon d'abattre le mur protecteur qui entoure les tumeurs. A terme, cette approche pourrait aider à améliorer l'effet de traitements innovants contre le cancer. 

KatarzynaBialasiewicz/iStock

En 2018, 8,1 millions de personnes se seraient vues diagnostiquer un cancer dans le monde, d’après les estimations du World Cancer Report 2018. Cette même année, 9,6 millions de décès suite à un cancer auraient été recensés. Aujourd’hui, une nouvelle étude marque une étape majeure dans la recherche contre ce fléau.

D’après un article paru dans la revue EBioMedicine le 26 août, des scientifiques auraient trouvé une façon d’abattre le mur protecteur qui entoure les tumeurs, potentiellement en les ré-exposant au pouvoir tueur du système immunitaire et à des traitements immuno-thérapeutiques. S’ils n’en sont qu’à leurs premiers essais en laboratoire, cette approche pourrait aider à booster les effets de traitements innovants contre le cancer tels que la thérapie CAR-T qui jusqu’ici a été un échec pour venir à bout des tumeurs sévères.

Les Docteurs Francis Mussai et Carmela De Santo de l’Université de Birmingham (Royaume-Uni) ont étudié les cellules immunitaires, appelées cellules suppressives myéloïdes ou MDSCs, de 200 adultes et enfants ayant été diagnostiqués avec un cancer. Ces cellules envoient un barrage de signaux chimiques qui protègent les cellules tumorales et empêchent l’activation de cellules T capables de les tuer. Aussi, plus elles sont présentes, plus le cancer peut devenir résistant et s’étendre à d’autres parties du corps, expliquent les chercheurs. En utilisant un anticorps déjà disponible pour traiter la leucémie, les chercheurs ont réussi détruire ces cellules immunitaires.

Cette approche pourrait "améliorer le traitement de nombreux types de cancer"

"Les traitements qui agissent avec le système immunitaire pour tuer le cancer échouent souvent parce qu'il peut être difficile pour les défenses de notre corps d'avoir accès aux cellules tumorales. Nos recherches indiquent que l'administration de cet anticorps en même temps que les immunothérapies pourrait augmenter considérablement le nombre de patients bénéficiant des dernières innovations en matière de traitement", explique le Dr Mussai.

Dans le passé, des chercheurs avaient déjà découvert une façon de casser la couche protégeant les tumeurs chez les souris, en utilisant des anticorps qui s’attachent à la surface du MDSC. Mais ils n’avaient pas réussir à appliquer leur théorie dans des essais cliniques sur des humains.

"C'est la première fois que nous sommes en mesure de cibler efficacement les cellules immunitaires qui forment une barrière autour des tumeurs solides", se félicite donc Mussai. Et d'ajouter : "Si cette approche fonctionne chez les patients, elle pourrait améliorer les traitements de nombreux types de cancer, tant chez les adultes que chez les enfants. Nous pensons que notre approche aura le plus d'impact dans la thérapie CAR-T, qui, bien qu'elle soit très prometteuse dans le cancer du sang, n'a eu jusqu'à présent qu'un succès limité dans les tumeurs solides".

"Bien qu'il s'agisse de recherches préliminaires, elles nous ont permis de mieux comprendre la façon dont les tumeurs interagissent avec le système immunitaire et nous ont donné une idée alléchante de la façon dont nous pourrions faire fonctionner les immunothérapies pour un plus grand nombre de patients dans le futur. Mais nous sommes encore loin d'obtenir ce traitement. La prochaine étape sera d'en savoir plus sur les effets secondaires de l'anticorps, et comment il fonctionne dans le corps", commente quant à elle le Dr Emily Farthing, responsable de l'information sur la recherche à Cancer Research UK.

Des découvertes applicables à la lymphohistiocytose hémophagocytaire

En plus de traiter des cancers, ces découvertes pourraient également être applicables pour traiter la lymphohistiocytose hémophagocytaire ou syndrome d'activation macrophagique. Cette maladie implique un défaut des mécanismes de cytotoxicité ciblée et des contrôles inhibiteurs des cellules T tueuses naturelles et cytotoxiques. Elle est si rare que très peu de traitements sont actuellement disponibles, surtout pour les jeunes enfants.  

C’est pourquoi, les chercheurs prévoient désormais un essai clinique pour tester la sécurité et l’activité de leur anticorps sur des patients qui en sont atteints. L’essai inclura également des patients avec des tumeurs avancées.

En France, depuis 2004, le cancer est la première cause de mortalité prématurée devant les maladies cardiovasculaires. Selon l’Inca, en 2018, 204 600 hommes et 177 400 femmes se seraient vus diagnostiquer un cancer. Chez l’homme, le cancer de la prostate arrive en première place suivi de ceux du poumon et du côlon-rectum. Chez la femme, le cancer du sein est le plus fréquent suivi du côlon-rectum et du poumon.

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