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Comportement à risque

De plus en plus de seniors pratiquent le binge drinking

Par Charlotte Arce

Une étude de l’Université de New York montre que le binge drinking est loin d’être une pratique de jeunes : 1 adulte de plus de 65 ans sur 10 consommerait de l’alcool en quantité excessive.

PIKSEL/iStock

Lorsque l’on entend parler de binge drinking, cette pratique qui consiste à absorber une grande quantité d’alcool en un minimum de temps, on pense avant tout aux jeunes : aux lycéens et étudiants qui, pour fêter la fin des examens ou s’amuser entre amis, s’adonnent à une "biture express", au détriment de leur santé et de leur sécurité.

Pourtant, le binge drinking n’est pas réservé aux jeunes générations. Selon une étude de l’Université de New York publiée dans le journal de l’American Geriatrics Society, les seniors américains sont de plus en plus nombreux à déclarer consommer des quantités excessives d’alcool en peu de temps.

Profil type du senior pratiquant le binge drinking

Dans le cadre de leurs recherches, les auteurs de l’étude ont utilisé des données concernant 10 927 adultes américains âgés de 65 ans et plus qui ont participé à la National Survey on Drug Use and Health entre 2015 et 2017. Ils ont pris en compte plusieurs facteurs, comme la prévalence de la consommation excessive d’alcool au cours du mois écoulé. Selon le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA), celle-ci est de 5 consommations ou plus lors d’une même occasion pour les hommes, et de 4 consommations ou plus pour les femmes.

Ils ont alors constaté que 10,6% des seniors ont fait part d’une consommation excessive d’alcool au cours du dernier mois. Un chiffre en augmentation par rapport aux études antérieures, où cette même consommation excessive oscillait entre 7,7 et 9%.

Les buveurs occasionnels étaient plus susceptibles d'être des hommes, des fumeurs de tabac et/ou de cannabis, des Afro-Américains et d'avoir moins qu'un diplôme d'études secondaires. Ils étaient également plus susceptibles de se rendre aux urgences au cours de la dernière année.

"L'association de la consommation excessive d'alcool et de la consommation de cannabis a d'importantes répercussions sur la santé », explique Joseph Palamar, auteur principal de l’étude. "L'utilisation des deux peut entraîner des effets d'affaiblissement des facultés plus importants. Cela est d'autant plus important que la consommation de cannabis est de plus en plus répandue chez les personnes âgées et que celles-ci ne sont peut-être pas conscientes des dangers possibles de la consommation de cannabis avec de l'alcool."

L’importance d’informer et de dépister les seniors

Les chercheurs ont également examiné les profils de maladies chroniques des buveurs excessifs plus âgés et ont constaté que la prévalence de deux maladies chroniques ou plus était plus faible chez les buveurs excessifs que chez les buveurs non excessifs. La maladie chronique la plus courante chez les buveurs occasionnels était l'hypertension (41,4 %), suivie des maladies cardiovasculaires (23,1 %) et du diabète (17,7 %).

"Les buveurs excessifs étaient moins susceptibles d'être atteints de la plupart des maladies chroniques que les consommateurs d'alcool occasionnels", remarque le Dr Benjamin Han, co-auteur des travaux. Selon lui, cela peut s’expliquer par "le fait que certaines personnes cessent ou diminuent leur consommation d'alcool lorsqu'elles sont atteintes d'une maladie ou d'une maladie liée à l'alcool."

"Nos résultats soulignent l'importance d'éduquer, de dépister et d'intervenir pour prévenir les méfaits liés à l'alcool chez les personnes âgées, qui ne sont peut-être pas au courant de leur risque accru de blessures et de la façon dont l'alcool peut exacerber les maladies chroniques", conclut le Dr Han.

Selon un avis d’experts de Santé publique France et de l’Institut national du cancer, il est recommandé de ne pas consommer plus de 10 verres d’alcool standard par semaine, maximum, sans dépasser 2 verres standard par jour.