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Neuralink : Elon Musk explique comment il compte connecter la machine au cerveau humain

Par Raphaëlle de Tappie

Lors d'une conférence de presse donnée mardi 16 juillet, Elon Musk, le patron de Tesla, a présenté la technologie de sa start-up Neuralink. Cette dernière a pour objectif premier de guérir les personnes atteintes de maladies cérébrales grâce à l'intelligence artificielle. 

wigglestick/iStock

Les maladies cérébrales et leurs conséquences, "nous pouvons résoudre tout cela…avec une puce". Telle est la promesse d’Elon Musk. Grâce à sa start-up Neuralink, créée en 2017, le showman de la Silicon Valley entend connecter le cerveau humain et la machine. "Au fil du temps, je pense que nous verrons probablement un lien de plus en plus fort s’établir entre l’intelligence biologique et digitale", avait-il expliqué à la presse au lancement de sa compagnie. Deux ans plus tard, il a enfin donné plus de détails lors d’une conférence donnée mardi 16 juillet et diffusée en direct sur YouTube. 

"Comprendre et traiter les maladies cérébrales, préserver et améliorer votre propre cerveau, créer un meilleur futur". Voici donc les objectifs annoncés au lancement de la présentation, dont la "raison principale est de recruter". A court terme, l’objectif de la Neuralink est d’apporter des solutions efficaces au cancer ou à la maladie de Parkinson et de rétablir les fonctions motrices perdues grâce à des prothèses. Il s’agira également de résoudre des différences visuelles et auditives, a récemment expliqué le co-fondateur Max Hodax au New-York Times. 

Pour relier le cerveau à la machine, Neuralink souhaite implanter des fils très fins dans le tissu cérébral de la même manière qu’on cout de la dentelle. Les fils mesureraient entre 4 à 6 μm, soit 0,004 à 0,006 millimètres ou l’équivalent du quart d’un cheveu. Dans un dossier de présentation paru en amont de la conférence, Neuralink explique avoir créé un robot neurochirurgical "capable d’insérer six fils (192 électrodes) par minute".

Neuralink espère bientôt réussir à développer une connexion sans câble 

"Neuralink n’aura pas soudainement cette incroyable dentelle neurale implantée dans un cerveau humain, cela va prendre beaucoup de temps", nuancent ses fondateurs qui espèrent tout de même un premier test humain d’ici 2020. Rappelons toutefois que Musk est connu pour annoncer des délais très ambitieux qu’il peine souvent à tenir. En mars, l’entrepreneur a par exemple présenté sa voiture Tesla Model 3 avec deux ans de retard. 

A l’heure actuelle, Neuralink s’en tient à l’expérimentation sur des animaux, surtout des rats en laboratoire. "Un singe a été capable de contrôler l’ordinateur avec son cerveau", a notamment révélé Musk. Aujourd’hui, l’interface est basée sur un câble USB qui relie les puces implantées dans le cerveau à l’ordinateur. La startup espère bientôt réussir à développer une connexion sans fil avec transfert de données à haut débit. "Nous savions que si nous voulions créer quelque chose, cela devrait être sans câble et cela devrait pouvoir durer pour une longue période de temps. Ce n’est pas quelque chose que vous devez retirer au bout de quatre ans", explique Max Hodak lors de la conférence, montrant des prototypes et détaillant leur évolution au fil du temps. Et si pour l’instant, l’implantation des électrodes a lieu par perçage de la boîte crânienne, Neuralink souhaiterait passer au laser, moins désagréable. 

Mais au-delà des maladies cérébrales, Elon Musk, passé grand maître dans l’art des révélations sensationnelles, a dévoilé une autre ambition, encore plus impressionnante. A terme, celui qui a pourtant exprimé de nombreuses fois sa crainte de l’intelligence artificielle (IA), souhaite "accomplir une sorte de symbiose avec l’IA". Soit faire de nous des humains augmentés comme dans la science-fiction. Fusionner avec la machine avant que celle-ci ne nous domine. Toutefois, même s’il réussi à atteindre son objectif, "ce ne sera pas une chose obligatoire. C’est quelque chose que vous pouvez choisir si vous le voulez", précise Musk. Nous voilà donc rassurés. 

Le boom de la biotechnologie 

En plein boom de l’intelligence artificielle, Neuralink n’est bien sûr pas la seule entreprise à s’intéresser à la biotechnologie. "Nous savons que si nous installons une puce dans le cerveau et relâchons des signaux électriques, nous pouvons améliorer les symptômes de Parkinson. Cela a un effet pour la douleur de l’épine dorsale, l’obésité, l’anorexie… ", avait ainsi expliqué Bryan Johnson, fondateur de la start-up Kernel, spécialisée dans l’IA, au magazine The Verge en 2017.

En mai 2018, des chercheurs américains ont quant à eux réussi à mettre au point un implant cérébral capable d’à la fois surveiller et moduler l’activité cérébrale des malades de Parkinson. Son électrode envoie des signaux qui sont ensuite analysés dans un programme informatique intégré dans le dispositif déterminant s’il faut ou non stimuler le cerveau. Ce programme se distingue par son habilité à reconnaître un modèle d'activité cérébrale associée à la dyskinésie. Il sert alors de guide, adaptant la stimulation à l’activité cérébrale du patient.

Mais comme tout objet connecté, la puce cérébrale soulève de nombreuses questions inquiétantes. Elle expose ses utilisateurs aux risques de contrôle à distance, à la surveillance et au piratage. "La plupart des gens n’accepteront l’idée d’un implant que s’ils sont dans une situation médicale très sérieuse que cela pourrait aider. La plupart des personnes ont bonne santé sont mal à l’aise avec l’idée d’un docteur qui ouvrirait leur crâne en deux", avait commenté avec une pointe d’humour le neuroscientifique canadien Blake Richards à The Verge.