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Justice

Anesthésiste de Besançon : une personnalité « complexe », « narcissique » et « paranoïaque »

Par Charlotte Arce

Mis en examen pour une cinquantaine de nouveaux cas d’empoisonnent, l’anesthésiste de Besançon Frédéric Péchier aurait "une personnalité complexe, organisée sur un mode pervers, avec une composante narcissique", si l’on en croit une nouvelle expertise psychocriminologique.

scyther5/iStock

C’est un document qui jette un peu plus le trouble sur la personnalité de l’ancien médecin-anesthésiste de Besançon.

Alors que Frédéric Péchier a été déféré devant le parquet jeudi dernier, soupçonné par les enquêteurs d’être impliqué dans une "cinquantaine de cas" d’empoisonnement, l’Est Républicain a publié ce dimanche des extraits de son expertise psychocriminologique. Rédigée fin avril par deux experts à la demande du juge d’instruction, et longue de 44 pages, elle décrit le Dr Péchier comme une "personnalité complexe, organisée sur un mode pervers, avec une composante narcissique".

"M. Péchier accorde une grande importance au regard des autres", écrivent les deux experts, estimant que "les tensions" entre l'anesthésiste et ses collègues ont "probablement favorisé les passages à l'acte". Ils ajoutent que la personnalité du médecin alimenterait "légitimement une suspicion quant à son éventuelle culpabilité".

Une "volonté de nuire" selon ses avocats

Interrogé par l’AFP, les avocats de la défense se sont dits "consternés" par la diffusion dans la presse de ce document judiciaire. "La seule vocation de cette expertise, c’est de nuire au Dr Péchier et à la prochaine audience devant la chambre de l’instruction", a affirmé Me Randall Schwerdorffer.

Selon la défense, cette expertise est "contestable, aussi bien dans sa qualité que dans son contenu". En cause : les méthodes d’expertise utilisées par les auteurs, qui n’ont jamais rencontré le Dr Péchier et ont basé leurs conclusions sur les éléments du dossier. "Je ne sais pas ce qu'est la psychocriminologie. Ce n'est pas une science reconnue, ce n'est pas une science qui fait autorité en matière judiciaire", a déclaré Me Schwerdorffer sur BFMTV. Son autre avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, a lui affirmé qu’il existe "d’autres expertises au dossier qui le disent tout à fait normal".

17 nouveaux cas d’empoisonnement

Soupçonné d’avoir "pollué des poches de soluté de réhydratation ou des poches de paracétamol avec des anesthésiques locaux ou du potassium" de patients âgés de 4 à 80 ans, alors qu'ils étaient opérés entre 2008 et 2016, le Dr Péchier fait l’objet de nouvelles accusations.

Déjà mis en examen en 2017 pour 7 empoisonnements présumés, dont deux mortels, il fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle enquête pour 17 nouveaux cas d’empoisonnement de patients. Au total, l’enquête porte sur une cinquantaine de signalements "d’événements indésirables graves" (EIG) qui se sont déroulés dans des cliniques où l’anesthésiste exerçait. "Il s’agit d’événements inattendus au regard de l’état de santé et de la pathologie de la personne et dont les conséquences sont le décès, la mise en jeu du pronostic vital, la survenue probable d’un déficit fonctionnel permanent y compris une anomalie ou une malformation congénitale", précise la Haute Autorité de Santé.

Le Dr Péchier, lui, continue à clamer son innocence.