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Dépistage

Détecter le cancer colorectal grâce aux bactéries intestinales

Par Mégane Fleury

Une équipe de chercheurs internationaux a découvert un lien entre certaines caractéristiques des bactéries intestinales et le risque de cancer colorectal. 

Rost-9D/ISTOCK

Le cancer colorectal touche chaque année près de 40 000 personnes en France. Il peut être guéri dans 9 cas sur 10, s’il est dépisté tôt. La découverte de chercheurs internationaux pourrait permettre de faciliter et d’améliorer le dépistage : ils constatent que le microbiote intestinal est un indicateur potentiel du cancer colorectal. 

Deux découvertes principales 

L’étude, dont les résultats sont parus dans la revue Nature Medicinea rassemblé 969 participants du Canada, de Chine, de France, d’Allemagne, du Japon et des Etats-Unis. Les chercheurs ont analysé la composition bactériologique de leurs selles. 

Leur premier constat est la présence en grande quantité de bactéries de l’espèce Fusobacterium nucleatum chez les personnes atteintes d’un cancer colorectal, en comparaison à des personnes en bonne santé. Cette famille de bactéries est normalement présente dans la bouche, mais d’après les chercheurs, il est fréquent de retrouver des bactéries orales dans l’intestin des personnes malades, cela pourrait être l’une des causes de l’inflammation. L’équipe de recherche a également remarqué que les personnes atteintes d’un cancer colorectal avaient le gène de l’enzyme microbienne choline triméthylamine détectable dans leurs selles. Selon eux, cette découverte renforce l'hypothèse d'après laquelle un régime gras sera cancérigène, car la choline est abondante dans ce type d'alimentation

Au total, l’équipe de scientifiques a analysé 16 familles de bactéries avec des résultats comparables aux tests qui examinent la totalité du microbiote. "C’est une étape importante pour le développement d’un outil de diagnostic simple, explique Andrew Maltez Thomas, docteur au sein de l’université de Sao-Paulo. Cela nous évite de séquencer tout le le microbiote". 

Pas de lien de cause à effet 

Il ne faut toutefois pas interpréter ces résultats comme la preuve d’un lien de cause à effet entre certaines bactéries et le cancer colorectal. Les chercheurs insistent sur le fait qu’il s’agit seulement d’une corrélation, qui soulève d'autres interrogations. "Il s’agit de savoir si une bactérie spécifique peut causer le cancer, détaille João Carlos Setubal, co-auteur de l’étude. Ou si le cancer créé un environnement qui favorise le développement de certaines bactéries plutôt que d’autres. Nous n’avons pas encore de réponse".  

Leurs découvertes pourraient d'ores et déjà permettre de mettre au point un nouveau test de dépistage, moins invasif que la coloscopie.