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Agence nationale de recherche sur le sida

VIH : les rapports non protégés augmentent chez les séropositifs

Par Melanie Gomez avec APM

La fréquence de personnes séropositives rapportant au moins un rapport non protégé, dans les six mois, a pratiquement doublé ces dix dernièrs années. 

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Depuis plusieurs années, les enquêtes montrent un relâchement individuel des pratiques de prévention vis à vis du risque de transmission du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Une étude récente confirme ce risque, y compris chez les personnes VIH+. Présentée vendredi dernier lors d’un séminaire de recherche de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), elle a suivi 967 personnes séropositives homosexuelles et hétérosexuelles des deux sexes pendant 9 ans. Les résultats sont sans appel : entre 2000 et 2009, la fréquence de personnes déclarant au moins un an rapport sexuel non protégé dans les six mois précédents est passée de 19,5% à 36,3%.

 

Le plus inquiétant est que cette fréquence des rapports non protégés dans la population séropositive ne cesse d’augmenter. En effet, l’équipe de chercheurs qui vient de présenter ces résultats, semble indiquer que les premières données sur les années 2010 à 2012 vont dans le même sens. Il y aurait bel et bien une poursuite de l’augmentation de ces rapports non protégés chez les personnes infectées par le VIH. Cette augmentation a été observée chez les homosexuels, qu’ils aient des partenaires réguliers ou occasionnels, et chez les femmes. En revanche, chez les hommes hétérosexuels, ces chercheurs constatent plutôt une stabilisation de cette pratique à risque.

 

Ces chercheurs ont essayé de comprendre les raisons d’une telle augmentation. Ils ont notamment tenté de voir si elle était liée au développement récent du concept de Traitement comme Prévention de la transmission (Treatment As Prevention, TASP). Une méthode qui consiste à mettre les séropositifs qui le souhaitent plus tôt sous traitement antirétroviral. De plus, ces scientifiques ont voulu vérifier si l’affirmation en 2008, par les autorités suisses que le risque de transmission du virus était négligeable chez les séropositifs dont la charge virale était indétectable sous traitement, avaient pu avoir une influence sur les comportements.  Dans leur étude, ces chercheurs révèlent qu’il n’y avait pas de lien entre la charge virale des participants et le risque qu’ils aient des rapports non protégés.

D’autre part, une autre étude menée par l’ANRS sur 2633 séropositifs ne montre pas non plus de différence de fréquence des rapports sexuels non protégés entre les patients à charge virale indétectable et ceux qui étaient plus risque de transmettre. Pour les auteurs de cette dernière, ces résultats suggèrent que ce n’est pas le concept de non-transmission qui a conduit à cette désinhibition des comportements sexuels ces dernières années.