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PIP ou l'engrenage d'un mensonge

Par Cécile Coumau

Le mensonge est décidément au cœur de l’actualité. Après l’affaire Cahuzac, c’est au tour de l’affaire des prothèses PIP de décortiquer un mensonge de grande ampleur. Parce que la société Poly Implants prothèses a vécu pendant plus de dix ans dans le mensonge. Et l’une des forces du procès qui s’est ouvert à Marseille le 17 avril dernier, comme le souligne Pascale Robert-Diard, la correspondante du Monde à Marseille, c’est bien de montrer l’engrenage dans lequel étaient pris tous les salariés de l’entreprise varoise. C’était «un mensonge d'entreprise qui avait fini par faire partie de la culture maison», a abruptement résumé l'un des prévenus, Thierry Brinon, qui était le directeur qualité de PIP. A un moment, la présidente du tribunal demande à l’un des salariés cité comme témoin : «Avez-vous songé à faire une dénonciation ?» «La dénonciation ne fait pas partie de mon vocabulaire», répond-il.


Certes, dénoncer, c’était mettre l’entreprise en péril, mais pourquoi le secret a quand même été si bien gardé ? La journaliste du Monde donne des clés. « Les quatre hommes, dont le fondateur de l'entreprise, Jean-Claude Mas, et la femme qui comparaissent pour " tromperie aggravée " et " escroquerie " ne sont pas des Pieds Nickelés sans foi ni loi qui auraient habilement exploité la crédulité des femmes pour gagner de l'argent », écrit-elle. PIP était une entreprise de haute-qualité. Le responsable de la mission d'inspection de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps) en a témoigné : des" salles blanches exceptionnelles ", des locaux " parfaitement propres ", un " personnel compétent " et un " dossier de conception - des produits - qui était un cas d'école ". Sauf que tout cela était au service d’un mensonge et allait donner naissance à un « scandale sanitaire ». Deux semaines d’audience sont encore prévues et le réquisitoire sera prononcé le 14 mai prochain.