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La médecine scolaire en perdition

Par Philippe Berrebi

Le bateau prend l’eau, l’équipage et les passagers font des grands gestes de détresse mais, sur la terre, les autorités détournent le regard. Image saisissante mais qui résume la situation de la médecine scolaire.
Avec 1 035 médecins en fonction au 1er juin 2016, les effectifs ont baissé de 20 % depuis 2008, résume Aurélie Collas dans le journal Le Monde. Il y a aujourd’hui un médecin pour 12 000 élèves, là où le ratio devrait être de 1 pour 5 000. Ces chiffres catastrophiques ont, bien sûr, des répercussions sur l’accompagnement médical des enfants, notamment dans des zones difficiles.

En Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres de France, plusieurs organisations de parents et des syndicats ont décidé de porter devant la justice « le scandale que constitue la disparition de la médecine scolaire ». Ils vont déposer une requête en responsabilité au tribunal administratif, rapporte la quotidien.
« Notre constat, c'est que les droits des élèves ne sont pas respectés », résume estime Didier Broch, membre du syndicat FSU. Une situation d'autant plus préoccupante que, dans ces départements frappés par la grande précarité, la médecine scolaire est, bien souvent, le seul lien avec le système de soins.

« Visites médicales passées à la trappe, problèmes de vue ou troubles des apprentissages détectés tardivement... », énumère le la journaliste, qui s’est rendue dans la commune des Lilas. Le dernier médecin scolaire est parti l’an dernier et n’a pas trouvé de successeur. Il avait déjà prolongé son exercice de six ans.
« Depuis son départ, témoigne un représentant des parents d’élèves, la visite médicale obligatoire des enfants à 6 ans n'est pas assurée. Nous n'avons personne pour détecter les troubles d'apprentissage, les problèmes de santé, les cas de maltraitance ou pour faire de la prévention dans les écoles. »

A l’échelle nationale, la situation n’est guère plus brillante. Selon le médiateur de l’Education nationale, des médecins ne parviennent à voir que « 20 %, voire 10 % des élèves » de six ans. Interrogé par Le Monde, le ministère de l’Education se dit « conscient de la situation dont on hérite ». Et assure que le sujet est en discussion avec le ministère de la Santé. Mais la solution ne sera pas immédiate. Avec un salaire d’environ 2 000 euros pas mois, le métier ne suscite pas les vocations. 22 des 80 postes ont été pourvus au concours 2017 et l’âge moyen du corps des médecins scolaires est de 54,8 ans.

Agnès Buzyn, qui fait de la prévention, notamment à l’école, un axe fort de sa politique de santé, a du pain sur la planche !