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Etude française

Sida : comment les 14 patients ont contrôlé le virus

Par Philippe Berrebi

Le traitement précoce du sida permet, dans certains cas, de bloquer les réservoirs du virus empêchant l'infection de resurgir après l'arrêt du traitement. C'est ce mécanisme que les chercheurs veulent explorer.

DURAND FLORENCE/SIPA

Traités sous antirétroviraux dix semaines seulement après leur infection, 14 patient atteints du sida ont réussi à contenir naturellement leur infection plus de sept ans après l’arrêt des traitements. Les résultats de l’étude Visconti publiée par des Français dans la revue américiane PlosS Pathogens donnent de  nouveaux espoirs aux patients et ouvrent des perspectives aux chercheurs.
Il y a quelques jours, les Américains rapportaient le cas d’une petite fille contaminée par le sida à la naissance et qui avait, elle, aussi réussi à contrôler l’infection sans l’aide des trithérapies. Elle avait reçu un traitement anti-vih 30 heures à peine après sa naissance.

Dans les deux situations, le virus n’a pas été éradiqué mais sa présence est si faible que le système immunitaire de l’organisme peut le contrôler tout seul. Les médecins parlent de « guérison fonctionnelle » et de patients « contrôleurs ». Ils seraient moins de 1 % de cette population à pouvoir contenir le vih sans prendre d'antirétroviraux. Ils ont en commun un profil génétique particulier ou des réponses immunitaires comparables. Ce n’est pas le cas des 14 patients.
Pour la quasi-totalité des personnes infectées,  les cellules contaminées dormantes se réveillent quelques semaines après l’arrêt des antirétroviraux. Le virus créé des sortes        « réservoirs » dans le système immunitaire qui « éclatent » quand le traitement est interrompu.

Rien de cela pour la petite américaine et les 14 patients Français. « Le traitement précoce  a probablement contenu les réservoirs viraux, et préservé les réponses immunitaires, combinaison qui a certainement pu favoriser le contrôle de l'infection après l'arrêt du traitement », a  expliqué le Pr Christine Rouzioux, de l'hôpital Necker à Paris qui a coordonné ces recherches.  Pour le Dr Laurent Hocqueloux (hôpital Orléans-La Source en France), membre de ce groupe de recherche, ces cas  « offrent un espoir de découvrir de nouveaux mécanismes permettant de contrôler l'infection », a-t-il précisé  à l'Afp. L’Agence nationale de recherche sur le sida (Anrs) va d’ailleurs coordonner dans les prochains mois un groupe plus étendu de patients similaires à ceux de Visconti au niveau européen.