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Education thérapeutique

Des SMS pour rappeler leur traitement aux malades

Par Melanie Gomez

Des cardiologues sont parvenus à améliorer l’observance de leur patients aux médicaments de 40% grâce aux SMS. Une première en France.

VALINCO/SIPA

« Bonjour Olivier, avez-vous pensé à prendre vos médicaments aujourd’hui ? ». C’est le genre de message qu’ont reçu 250 patients de l’hôpital de la Timone à Marseille pendant plus d’un an. Des patients qui se sont retrouvés au cœur d’une étude scientifique mise en place par les Dr Jacques Quilici et Thomas Cuisset.
Cette étude,  publiée dans la revue International journal of Cardiology, consistait à évaluer si l’envoie de SMS quotidiens améliorait l’observance aux traitements médicamenteux. Ces cardiologues ont  sélectionné des patients à qui l’on avait posé un stent, ces petits ressorts placés dans les artères pour éviter qu’elles ne se bouchent.
En effet, chez ce type de patients, la prise d’anticoagulants est nécessaire, afin de prévenir les complications telle que l’infarctus, dont le risque est multiplié par 50 sans traitement par aspirine par exemple. Cette idée d’utiliser les nouvelles technologies pour rappeler aux patients de prendre leur médicament a germé dans la tête de ses médecins en 2008, au moment de la création d’une consultation spécialisée dans la gestion des anticoagulants dans le service de cardiologie de l’hôpital de la Timone. Très vite, ils se sont rendus compte que 15% des patients arrêtaient leur traitement par aspirine au bout d’un mois et encore davantage au fur et à mesure du temps.

 

Ecouter le Dr Thomas Cuisset, cardiologue à l’hôpital de la Timone à Marseille : « On a réduit de 40% le nombre de patients qui oubliaient leur traitement pendant le 1er mois. »

 

Pour prévenir la survenue d’un éventuel phénomène de banalisation de ces SMS, les médecins ont pensé à tout. Les messages  étaient systématiquement personnalisés avec son prénom du patient. 2ème astuce à laquelle ont pensé ces cardiologues, changer la phrase du SMS tous les jours, pour éviter que le malade ne s’habitue.
«  Les patients savent bien que je ne tape pas le message tous les jours avec mes petits doigts. Mais ils disent que ça leur donne l’impression que c’est l’équipe médicale de la Timone, au sens large, qui s’adresse à eux, avec une notion un peu, de service après-vente, même si je n’aime pas ce mot. » Avec ces résultats encourageants obtenus  en cardiologie, les auteurs de cette expérience imaginent déjà qu’il serait intéressant d’élargir cette stratégie de SMS à d’autres pathologies et situations médicales particulières.

 

Ecouter le Dr Thomas Cuisset : « On peut imaginer envoyer un SMS aux diabétiques pour leur rappeler de prendre leur insuline. On pourrait aussi proposer ça aux jeunes filles pour qu’elles pensent à leur pilule contraceptive. »


 

Cette stratégie pour éduquer les patients grâce aux SMS semble malgré tout avoir certains détracteurs dans le milieu médical. Certains médecins estiment que cette méthode infantilise les malades. Faudra-t-il faire des SMS aux patients pour leur rappeler de respirer, ironisent certains. « Face à un problème d’adhésion thérapeutique, mieux vaut être inventif que de faire la politique de l’autruche», répond Thomas Cuisset à ses opposants.

 

Ecoutez le Dr Thomas Cuisset : « L’observance thérapeutique est déjà moyenne le 1er mois après une intervention, si on ne fait rien, elle sera encore moins bonne à 6 mois ou à un an. »


 

De plus, ce genre d’intervention, faisant appel aux nouvelles technologies, a ses limites. Certains patients trop âgés ou encore ceux qui n’ont pas accès à un téléphone portable ne peuvent pas être ciblés. Même problème avec ceux qui ne parlent pas la langue française. « Or, on voit bien dans les études thérapeutiques, que ce sont les populations de migrants qui sont les moins observants. Surtout dans un ville comme Marseille, on peut très bien imaginer la mise en place de SMS en Arabe ou dans une autre langue, » conclut le Dr Thomas Cuisset.