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Mutation génétique ancestrale

Alcool : comment l’homme a appris à le métaboliser

Par Audrey Vaugrente

L’Homme a évolué d’une manière majeure il y a 10 millions d’années. Une mutation génétique lui a permis de mieux métaboliser l’alcool.

Vaicheslav/epictura
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Un écureuil ivre de pommes fermentées, des chevreuils saouls… Les réseaux sociaux regorgent de vidéos d’animaux alcoolisés. Mais pourquoi le règne animal a-t-il autant de mal à tenir l’alcool ? La réponse est apportée par un chercheur du Santa Fe College (Etats-Unis). L’Homme est porteur d’une mutation génétique qui lui permet de métaboliser l’éthanol.

40 fois plus puissant

La mutation en question est intervenue il y a 10 millions d’années, alors que l’espèce humaine n’était pas encore développée. A cette époque, nos ancêtres se sont adaptés à la vie sur terre et se sont mis à ramasser les fruits tombés au sol. Y compris ceux fermentés.

Mais « dégringoler, ivre, des arbres ou s’assoupir dans un environnement où rôdaient les prédateurs aurait été fatal » à ces hominidés, souligne – non sans malice – Matthew Carrigan, interrogé par Sciences et Avenir.

L’homme est généticien au Santa Fe College et à l’origine de la découverte de cette mutation. Il a montré, en janvier 2015 dans PNAS, qu’elle cible l’enzyme ADH4, responsable du métabolisme de l’alcool.

« Ces enzymes se situent dans l’estomac, la gorge et la langue des primates », précise le site VinePair. Et comme l’explique la BBC, cette variation a rendu l’enzyme 40 fois plus efficace. De quoi augmenter considérablement notre tolérance aux boissons alcoolisées.

Une bière aigre

Plus résistants, les premiers hominidés ont rivalisé de créativité pour s’enivrer en toute quiétude. Cela confirme la théorie émise par Robert Dudley en 2004, selon laquelle l’espèce humaine est prédisposée à une attirance envers l’alcool.

Mais les Hommes ont ensuite trouvé le moyen de produire leur propre alcool. En 2015, des archéologues chinois ont déterré ce qui est sans doute la plus ancienne brasserie du monde. Il y a 5 000 ans, la bière était produite sous terre à l’aide de différentes poteries.

La technique a depuis été optimisée. Il n’est pas certain que les versions archaïques de la bière soient au goût de nos contemporains. Les archéologues de l’université de Stanford (Etats-Unis) s’y sont essayés. Le goût des boissons issues de leurs expériences est plutôt aigre, selon eux.


Ces expériences des sens auraient eu un impact majeur sur l’évolution de l’espèce humaine. D’après Sciences et Avenir, le goût pour l’ivresse aurait poussé les hommes à se sédentariser, se regrouper en société… voire même inventer l’écriture !