ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Sommeil : les rythmes décalés ont des répercutions sur la santé

Horloge biologique

Sommeil : les rythmes décalés ont des répercutions sur la santé

Par La rédaction

Souvent négligés, les dérèglements du rythme biologique ont pourtant des conséquences délétères sur l’organisme. À tel point que le travail de nuit est classé comme « probablement cancérigène ».

Fotoember/Epictura
MOTS-CLÉS :
  Dossier réalisé en partenariat
avec 
Science&Santé le magazine de l'

 

 

Température corporelle, pression artérielle, production d’hormones, ou encore capacités cognitives et humeur… presque toutes les fonctions de l’organisme sont régulées par un rythme biologique, dit circadien, c’est-à-dire calé sur un cycle de 24 heures et dépendant de la stimulation lumineuse. Parmi les nombreux facteurs qui peuvent être à l’origine d’une perturbation du sommeil, les troubles circadiens attirent particulièrement l’attention, en raison des conséquences potentiellement néfastes sur la santé.

Le plus connu est le retard de phase, qui s’observe surtout chez les adolescents et les jeunes adultes, dont le sommeil se décale progressivement, en raison d’un ralentissement de leur horloge biologique. « Les individus s’endorment alors très tard et s’éveillent spontanément en fin de matinée. Soumis à la contrainte d’un lever matinal, ils cumulent une dette de sommeil, à l’origine de somnolence, de troubles d’apprentissage et de troubles affectifs », souligne Claude Gronfier, neurobiologiste à l’Institut cellule souche et cerveau de Lyon et vice-président de la Société francophone de chronobiologie.À l’inverse, une avance de phase peut s’observer chez les personnes plus âgées qui se couchent et se réveillent très tôt.

 

Des risques évalués par l'Anses

Travailler avec des horaires décalés est également un facteur de risque de dérèglement de l’horloge biologique. Plusieurs analyses ont ainsi montré que les travailleurs qui alternent des horaires de nuit et de jour développent davantage de pathologies que les autres. Dans un récent rapport sur les effets sanitaires du travail de nuit, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) souligne les répercussions sur la cognition, la santé mentale, le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore le cancer.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), à Lyon, a d’ailleurs classé le travail de nuit comme « probablement cancérigène ». La cohorte CECILE, qui a inclus des femmes travaillant uniquement la nuit, a notamment mis en évidence un sur-risque de 30 % de cancer du sein. « Si les troubles du sommeil sont globalement mieux pris en compte par la médecine générale, ce n’est pas le cas de ceux qui affectent le système circadien », assure Claude Gronfier.

Bienfaits de la photothérapie

La mauvaise exposition à la lumière étant la principale cause de ce dérèglement, la photothérapie reste le traitement de référence. L’administration de mélatonine peut aussi être envisagée. Toutefois, comme pour beaucoup de troubles du sommeil, le meilleur moyen de s’en protéger est d’adopter une bonne hygiène de sommeil et de s’exposer à la lumière naturelle. Encore faut-il savoir s’écouter pour trouver son propre rythme et respecter cette phase de sommeil, qui ne doit pas être considérée comme une perte de temps, mais bien comme un moyen de préserver sa santé.

 

Vincent Richeux

Science&Santé, le magazine de l'Inserm