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A Marseille

Médicaments contrefaits : un réseau en procès pour quatre tonnes

Par Julie Levallois

Les deux intermédiaires d'un réseau de contrefaçon de médicaments comparaissent devant le tribunal correctionnel de Marseille. Ils sont poursuivis pour tromperie aggravée.

CLAVIERES VIRGINIE/SIPA

Le trafic était juteux. En quatre mois, un réseau de médicaments contrefaits a dégagé 2,5 millions d’euros de bénéfices. Deux intermédiaires comparaissent ce 20 mars devant le tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône) : le gérant d’une société offshore basée à l’île Maurice et la dirigeante d’une société de courtage de Nice. Poursuivis pour tromperie aggravée, ils auraient organisé, en 2007, l’entrée de 4 tonnes de médicaments illicites sur le territoire français.

 

Du sucre au lieu du principe actif

L’affaire n’est pas récente, mais elle interpelle par son ampleur. En quatre mois, plusieurs milliers de boîtes de médicaments contrefaits ont été introduits, en douce, sur le marché français. Les conséquences auraient pu être dramatiques : le Plavix est indiqué dans la prévention des récidive après un infarctus du myocarde et le Zyprexa est prescrit contre les troubles bipolaires et la schizophrénie.
Les deux fabricants se sont portés partie civile.

Au lieu de contenir le dosage habituel, les boîtes contrefaites étaient sous-dosées. Dans certains cas, le principe actif était totalement remplacé par du sucre. Un mode opératoire classique, mais potentiellement dangereux pour ceux qui en sont victimes. Le réseau, mis au jour en 2009 à Genève (Suisse), est de dimension internationale. Les médicaments, fabriqués en Chine, ont transité par de nombreux pays avant d’atteindre les rives de l’Europe.

Des saisies régulières

Ces saisies ne sont pas rares. Rien qu’en France, l’opération Pangea IX, organisée du 30 mai au 7 juin 2016, a permis la découverte de 960 000 produits de santé illicites et 1,4 tonne de produits pharmaceutiques. 55 sites internet illégaux, faisant le commerce de faux médicaments, ont aussi été identifiés.

Ces opérations ne sont pourtant qu’une goutte d’eau dans l’océan des contrefaçons. On estime, en effet, que 10 % des médicaments vendus sur Internet sont illicites. Le manque à gagner, pour l’Europe, est évalué à plus de 10 milliards d’euros.

 

Retrouvez l'émission L'invité santé  avec  Wilfrid Rogé
(Institut International de Recherche Anti-contrefaçon de médicaments)

diffusée le 22 juin 2016