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Nausées, sommeil, érection...

SpaceX : le voyage vers la Lune ne sera pas de tout repos

Par Marion Guérin

Deux voyageurs s’apprêtent à voler en orbite autour de la Lune. Toutefois, ils doivent s’attendre à certains désagréments sur le plan physiologique…

kozzi2/epictura

Beaucoup ne peuvent qu’en rêver ; deux personnes vont le faire, pour de vrai. La société américaine SpaceX annonce que deux touristes vont effectuer un vol privé autour de la Lune d’ici fin 2018. Ces petits veinards iront là où l’Homme ne s’est plus aventuré depuis la mission Apollo 17 de la Nasa, en décembre 1972.

Mais pour atteindre l’orbite lunaire, ils devront d’abord se préparer, indique SpaceX dans un communiqué. Les organisateurs du voyage examineront leur état physique et les soumettront à un entraînement intense avant de les déclarer aptes au vol.

D'abord, arriver à destination...

S’ils remplissent les conditions, les voyageurs prendront place à bord d’une capsule qui n’a pas encore vu le jour, indique l’AFP. Une fois construite et éprouvée, « Dragon 2 » sera alors lancée par une version de la fusée « Falcon 9 ». A noter qu’en septembre dernier, l’une de ces fusées avait explosé ; misons sur un meilleur succès pour le prochain lancement.

Les ennuis potentiels ne s’arrêtent pas là pour nos deux « espace-trotteurs », si tant est qu’ils atteignent l’orbite lunaire au terme d’un décollage particulièrement agité – l’accélération est équivalente à 3G (1G équivaut à la pesanteur terrestre soit une accélération de 9,8m.s-1). De même, l’arrivée en orbite impliquera une forte accélération, au ressenti fort désagréable.

Flux sens dessus-dessous 

Là-haut, leur organisme sera soumis à de rudes variations. En effet, sur Terre, la gravité attire les liquides biologiques vers  le bas du corps. En orbite, ces flux ont tendance à se concentrer vers la partie supérieure de l’organisme. Pour que jambes et pieds puissent rester convenablement irrigués, les touristes devraient rester quelques heures par jour dans un caisson spécialement conçu (« low body negative pressure »).

Les maux de tête les guettent, de même que le mal des transports. Un astronaute sur deux déclare subir ce symptôme ; les touristes spatiaux n’y couperont probablement pas. Nausées et vertiges rythmeront leur quotidien, au gré des mouvements du vaisseau spatial qui perturberont les informations transmises au centre de l’équilibre, situé dans l'oreille interne très perturbée par tout ce changement. Heureusement, la Nasa a prévu le coup et mis au point un spray nasal contre le mal de l’espace. Avec un peu de chance, ce spray équipera la trousse à pharmacie des deux voyageurs.

Courtes nuit sans coït...

Malgré toutes ces épreuves, ils auront bien du mal à se reposer. En effet, les astronautes sont très nombreux à rapporter des troubles du sommeil au cours de leurs missions. Du coup, ils usent et parfois abusent des somnifères. Au prix du voyage, il serait dommage de le vivre sous hypnotiques…

On ignore l’identité des voyageurs. Si toutefois il s’agit d’un couple, il y a fort à parier que leurs ébats amoureux resteront rares. D’abord parce qu’ils porteront en permanence des couches-culottes pour faire leurs besoins, ce qui, il faut en convenir, n’est pas très glamour. Mais surtout parce qu’avoir une érection dans l’espace relève d’une mission impossible - là aussi, affaire de répartition du sang dans le corps. Par ailleurs, dans l’espace, les tissus se rétractent, ce qui a pour conséquence de légèrement réduire la taille du pénis… Espérons que nos tourtereaux ne célèbrent pas leur lune de miel !

Enfin, les deux touristes seront soumis à des niveaux particulièrement élevés de radiations dont les effets sur la santé restent à ce jour mal évalués. A long terme, l’exposition à ces radiations semble induire des troubles cardiovasculaires et neurologiques. A court terme, c’est l’inconnu.

Folie des grandeurs

Mais ne soyons pas rabat-joie, ni jaloux. Ces deux personnes s’apprêtent malgré tout à faire une virée merveilleuse, dont le commun des mortels ne peut concevoir la beauté qu’à travers le cinéma et les reportages. Ils devront d’ailleurs en profiter : à leur retour, les astronautes déclarent une baisse de leur vue, liée à l'accumulation de liquide céphalo-rachidien dans le crâne, qui déforme le globe oculaire.

Aucun doute, ceci dit : de ce voyage, ils rentreront grandis, dans tous les sens du terme puisqu’en raison de l’absence de gravité, leur corps s’allongera et peut gagner jusqu’à 3 % de sa taille…