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Rapport de l'Igas

Saint-Calais : l'hôpital hors de cause dans le suicide d'un cadre

Par Anne-Laure Lebrun

L'Inspection générale des affaires sociales n'a pas relevé de défaut d’organisation de l’établissement, ni de faute de la direction.

vilevi/epictura

Sept mois après le suicide d’un cadre de santé de l’hôpital de Saint-Calais (Sarthe), l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) estime que la responsabilité de la direction ne peut pas être mise en cause. Les inspecteurs indiquent, en effet, qu’ils n’ont pas relevé « de défaut d’organisation de l’établissement, ni de faute ou décision inappropriée de la direction » concernant l’agent d’une cinquantaine d’années. Ils signalent toutefois un climat de tensions qu’il faut au plus vite désamorcer.

Cette enquête avait été diligentée à la demande du ministère des Affaires sociales et de la Santé en juillet dernier car plusieurs courriers reçus après le décès du cadre accusaient la direction. Pour expliquer son acte, l’ancien infirmier a notamment cité un entretien qui a eu lieu le 17 juin 2016. Cette rencontre avec la direction avait pour but d’officialiser sa promotion en tant que cadre de santé après 9 mois de formation. Il devait prendre ses fonctions le 1er juillet 2016, date à laquelle il s’est donné la mort à son domicile. 


Promotion imposée

Dans leur rapport, les inspecteurs précisent que cette promotion allait à l’encontre des souhaits de l’intéressé bien que celui-ci l’ait formellement acceptée. Ils ajoutent que cette « affectation correspondait à un poste vacant, en adéquation avec son statut et son expérience ». Ils soulignent néanmoins que « ce poste est l’un des plus difficiles du Centre Hospitalier de Saint-Calais ».

De fait après avoir recueilli 80 témoignages, les inspecteurs rapportent que ce drame s’est déroulé sur un fond de discordes entre le personnel et la direction. Dans cet hôpital en pleine restructuration, la direction a dû entreprendre d’importantes transformations, « sources inévitables de tensions ». Ils évoquent notamment une mobilité interne « parfois imposée » sur « des critères flous ».

Elle serait également « inadaptée ». Résultat : même si ces situations sont minoritaires, elles sont perçues « comme ça une pression ou une sanction » et constituent un risque psychosocial. A cela s’ajoute « l’instabilité des plannings et les rappels sur des jours de repos, avec un fort impact sur la vie personnelle des agents ». Un problème commun à de nombreux hôpitaux.

A partir de ce constat, la mission de l’Igas recommande « d’engager sans attendre » la formation du personnel, en particulier les cadres de santé, à la prévention et l’identification des risques psychosociaux. Pour ces sujets relatifs au savoir-être et à la bientraitance, le mieux serait de recourir à des formateurs externes à l’établissement, note les inspecteurs de l’Igas. Ils proposent également de mettre en œuvre « des incitations rémunérées aux remplacements ponctuels pour éviter les rappels sur repos ».


Un rapport qui ravive les tensions

Du côté des représentants syndicaux, ce rapport ne reflète pas la réalité du terrain. Interrogée par nos confères de France Bleu, Gaëlle Lapalus, de Force Ouvrière a confié : « On a des agents qui sont en arrêt maladie, qui ne veulent plus revenir sur l'hôpital mais qui ne savent pas comment faire pour trouver du boulot ailleurs. On a des agents qui sont suivis par des psychologues. C'est atroce ». La CGT, un syndicat non représenté dans l’hôpital, a pour sa part fait savoir qu’il allait réclamer la démission de la directrice de l’établissement auprès de l’Agence régionale de santé et la préfecture.

En revanche, du côté de la direction c’est un autre son de cloche. Pour Marie-Bernadette Ponthoreau, la directrice, « ce rapport rétablit la vérité ». Elle a ajouté que l’hôpital avait déjà mis en place plusieurs groupes de travail en rapport avec la mobilité et les plannings.