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Inflammation

Maladie de Crohn : des variations génétiques prédisent sa gravité

Par Anne-Laure Lebrun

Des chercheurs britanniques ont identifié 4 variants génétiques influençant le pronostic de cette maladie autp-immune. Ils n'agiraient pas sur le risque de la développer. 

luciacv/epictura

L’évolution et la gravité de la maladie de Crohn varient beaucoup d’un patient à un autre pour des raisons encore méconnues. Une nouvelle étude parue dans Nature genetics révèle que ces différences sont liées à des variants génétiques. Les chercheurs de l’université de Cambridge (Grande-Bretagne) soulignent que ces facteurs génétiques sont mis au jour pour la première fois.

La maladie de Crohn résulte d’une réaction immunitaire exacerbée contre un certain type de bactéries intestinales, les bactéries Escherichia Coli nommée AIEC. Environ 40 % des malades présentent une surpopulation de ces agents microbiens, contre 6 % dans la population générale. Ceux-ci ont la particularité d’être capables de traverser le mucus intestinal et d'infecter les cellules de l’intestin formant la paroi du tube digestif, ce qui provoque une réaction immunitaire et contribue à la maladie.

L’analyse ADN des patients souffrant de cette maladie auto-immune a permis l’identification d’au moins 170 gènes de prédisposition. Certains d’entre eux multiplieraient par 40 le risque de développer la maladie de Crohn. Mais à en croire les travaux britanniques aucun d’entre eux ne permet de prédire son évolution.


Deux classes de variants génétiques

En effet, en examinant le génome de plus de 2 700 malades présentant une forme agressive, les chercheurs ont découvert 4 variants génétiques influençant la gravité des symptômes et la progression de la maladie. Parmi eux, 3 sont déjà connus dans des maladies inflammatoires des articulations. Mais étonnamment, aucun de ces gènes ne semblent influencer le risque de développer la maladie de Crohn. La susceptibilité et le pronostic seraient donc influencés par des facteurs génétiques distincts qui n’interagissent pas.

« Ceci est tout à fait inattendu. Les travaux précédents se sont concentrés sur les gènes responsables du déclenchement de la maladie, mais notre étude suggère qu’ils ne sont plus pertinents au moment où les patients voient un médecin, relève le Pr Ken Smith, responsable du département de médecine à l’université de Cambridge. Nous devons penser à rediriger les nouvelles thérapies vers une voie totalement différente afin de traiter les maladies déjà établies ».

Aujourd’hui, il n’existe aucun traitement curatif pour cette maladie. Les médicaments disponibles permettent seulement de ralentir sa progression sans pour autant prévenir les poussées inflammatoires très douloureuses qui peuvent mener à l’hospitalisation de certains patients. La nouvelle génération de thérapies pourrait ainsi agir sur ces 4 variants génétiques. Cette découverte ouvre également la voie à de nouvelles pistes de recherche sur la polyarthrite rhumatoïde et d’autres maladies auto-immunes.