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Intolérance, diarrhées, gaz…

Chirurgie bariatrique : des troubles gastriques durables

Par Audrey Vaugrente

Les intestins paient durablement le prix d'une chirurgie de l'obésité. Flatulences, reflux gastrique et indigestions sont fréquents dans les deux ans qui suivent.

aliced/epictura

Flatulences, indigestions, intolérances alimentaires… Après la chirurgie bariatrique, les voies digestives sont tout sauf au repos. Très efficace pour réduire l’obésité, cette technique est pour le moins inconfortable. Les patients déclarent en moyenne deux symptômes gastro-intestinaux dans les deux ans qui suivent l’opération. C’est ce que montre une étude menée aux Pays-Bas, et publiée  dans le British Journal of Surgery.

Plus de 500 personnes ont pris part à ces recherches. La moitié d’entre elles a bénéficié d’un bypass gastrique, un geste qui relève de la chirurgie de l’obésité. Les autres ont servi de groupe contrôle. Deux ans après l’hospitalisation, ces participants ont répondu à un questionnaire précis sur leur état de santé. Celui-ci s’améliore nettement du point de vue des comorbidités : diabète, hypertension ou apnée du sommeil reculent.



La vésicule en souffrance

Mais l’intervention n’est pas sans risque. Dans les deux ans, 8 % des patients ont dû se faire retirer la vésicule biliaire. Autant ont développé des calculs biliaires. Un phénomène bien identifié des chirurgiens. « Le fort taux de calculs biliaires dans les deux ans suivant le bypass gastrique est un effet connu de la perte de poids », soulignent les auteurs.

Les effets de la chirurgie peuvent être plus pernicieux. Interrogés sur une série de 16 symptômes gastro-intestinaux, les volontaires témoignent d’un inconfort fréquent. En moyenne, ils déclarent 2,2 signes contre 1,8 dans le groupe contrôle. Les opérés se plaignent d’indigestions, de gargouillements, de gaz ou encore de selles trop dures ou trop molles. Rien de grave mais le handicap au quotidien est réel.

Des aliments ne passent pas

Au-delà de ces troubles gastro-intestinaux, les patients affirment ne plus tolérer certains aliments dans 7 cas sur 10. Dans le groupe contrôle, ils sont 17 % à émettre la même plainte. Le phénomène n’a pas de lien avec la perte de poids. Une bonne nouvelle émerge toutefois : ces intolérances concernent des produits que les opérés sont censés éviter. Au menu des pitances qui passent mal, boissons gazeuses, aliments frits, tartes et autres pâtisseries. Autant de vivres qui ne sont pas essentiels.

« L’intolérance alimentaire, particulièrement aux produits riches en graisses ou en sucres et aux viandes rouges, est un effet secondaire courant du bypass gastrique », rappellent les auteurs qui ne s’inquiètent pas pour autant. « Cela semble logique, dans la mesure où l’ingestion alimentaire et la fonction gastro-intestinale sont naturellement liées de près. » Pas de surprise, donc, sur ce plan. Mais un problème émerge : le manque de viande rouge peut favoriser les carences en fer. Ce qui justifie le suivi à long terme des personnes opérées, or celui-ci laisse encore à désirer.