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Zika : le virus continue à se répliquer dans le cerveau des bébés

Par Anne-Laure Lebrun

Même après la naissance, le virus Zika continue à se répliquer dans le cerveau des enfants exposés au virus in utero. Il persiste aussi très longtemps dans le placenta.

Felipe Dana/AP/SIPA
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Plus les chercheurs en apprennent sur Zika, plus ce virus émergent est effrayant. Une équipe des Centres américains de prévention et de contrôle des maladies (CDC) a découvert que le virus continue à se multiplier dans le cerveau des enfants infectés in utero plus de 7 mois après l’infection de la mère. Pire, la réplication virale persisterait même après la naissance dans les tissus cérébraux de ces enfants.

Depuis son arrivée sur le continent américain au printemps 2015, plus d’un million de personnes ont été contaminées par la fièvre Zika par la piqûre d’un moustique ou lors d’un rapport sexuel. Une épidémie sans précédent qui a entraîné plus de 2 400 cas de microcéphalie ou autres malformations congénitales associées au virus Zika dans le monde chez des bébés infectés lors de la grossesse. Des enfants aujourd’hui placés sous haute surveillance des médecins et des scientifiques.

Ces complications dévastatrices résultent de la capacité du virus à se multiplier dans les cellules neuronales du fœtus et le placenta des femmes enceintes. Une multiplication du virus qui semble se poursuivre très longtemps pendant la grossesse, et même après la naissance des enfants, indique l’étude des CDC. « Nous ne savons pas combien de temps le virus peut persister, mais cela pourrait avoir des conséquences pour les enfants nés avec une microcéphalie et pour ceux nés d’une mère infectée mais qui semblent être en bonne santé », indique Julu Bhatnagar, responsable des travaux.


Le 1er trimestre de grossesse est le plus critique

Les chercheurs américains ont abouti à cette conclusion en étudiant le cerveau de 8 bébés microcéphales brésiliens ou colombiens décédés quelques semaines après leur naissance. En étudiant leur cerveau, les chercheurs ont détecté la présence du virus Zika, signe qu’il a continué à se multiplier tout au long de la grossesse et sûrement après l’accouchement.

En parallèle, les chercheurs ont analysé le placenta de 44 femmes infectées par Zika lors de leur grossesse. La moitié d’entre elles ont fait une fausse couche, donné naissance un enfant mort-né ou atteint de microcéphalie. Chez trois quarts de ces dernières, le virus Zika était encore repéré dans le placenta. Des traces du virus étaient aussi détectées dans le placenta d’un tiers des femmes ayant donné naissance à des bébés bien portants.

Ces différences illustrent que malgré la présence de Zika dans ces tissus, le risque de donner naissance à un enfant microcéphale ou de perdre son enfant lors de la grossesse varie. Comme l’ont montré des travaux français, il est beaucoup plus élevé pour les femmes infectées pendant le 1er trimestre de grossesse que les suivants. Une conclusion confirmée par ces travaux américains. Toutes les femmes ayant donné naissance à des enfants atteints de malformations ont été infectées au début de leur grossesse, alors que celles qui ont donné naissance à des enfants qui semblent être en bonne santé ont contracté le virus au 3e trimestre de grossesse.


Besoin d'un suivi sur le long terme

Cependant, les nourrissons d’apparence normale pourraient être rattrapés par le virus. Une étude brésilienne et américaine a en effet montré que la microcéphalie pouvait apparaître lors de leur première année de vie.

Face à ces faits, les experts du monde entier sont unanimes : les enfants exposés au virus Zika doivent bénéficier d’un suivi neurologique et pédiatrique sur le long terme.