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Rapport de l'OMS

Paludisme : l'éradication menacée

Par Anne-Laure Lebrun

En 2015, 212 millions de nouveaux cas et 429 000 décès dus au paludisme ont été recensés dans le monde. Plus de 90 % ont été signalés en Afrique subsaharienne. 

Thomas Omondi/Department for International Development/Flickr
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La lutte contre le paludisme est l’un des plus grands succès de ce siècle. Mais aujourd’hui, l’éradication de cette maladie parasitaire semble menacée. Moins de la moitié des 91 pays et territoires confrontés à cette pathologie sont sur la bonne voie, alerte le rapport annuel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le paludisme. En cause : la stagnation des financements.

L’an dernier, 212 millions de nouveaux cas et 429 000 décès dus à cette parasitose ont été signalés à l’OMS. La quasi-totalité de ces malades et morts ont été recensés en Afrique subsaharienne. Et une nouvelle fois, ce sont les enfants de moins de 5 ans qui ont été particulièrement vulnérables, représentant environ 70 % des décès liés au paludisme.

La prévalence et le taux de mortalité ont toutefois diminué au cours de ces 5 dernières années. Entre 2010 et 2015, les nouvelles infections auraient baissé de 21 % et le nombre de morts de 29 % dans le monde.


Meilleur accès aux soins

Des progrès réalisés grâce à un meilleur accès aux interventions efficaces de la lutte antipaludique. L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, le moyen de prévention essentiel, s’est rapidement imposée. Plus de la moitié de la population exposée a installé ces moustiquaires, contre 30 % en 2010.

Dans le même temps, l’accès des femmes enceintes vivant dans les zones à risque aux traitements antipaludéens préventifs a été multiplié par 5. En 2015, la couverture atteignait 31 %, alors qu’il était seulement de 6 % en 2010. En outre, la moitié des enfants présentant de la fièvre et ayant consulté un établissement de soins ont été soumis à un test de diagnostic, contre moins d’un tiers 5 ans plus tôt.

Bien que l’OMS se réjouisse de ces avancées, elle souligne que « des lacunes considérables subsistent ». En 2015, plus d’un tiers des enfants présentant de la fièvre n’ont pas vu de médecin et n’ont donc pas été soumis à un test de diagnostic et reçu les soins appropriés dans 23 pays d’Afrique. « Il y a certes des progrès, mais le monde peine toujours à atteindre des niveaux élevés de couverture par les programmes qui sont nécessaires pour combattre cette maladie », indique le Dr Pedro Alonso, directeur du programme de lutte antipaludique à l’OMS.


10 pays pourraient l'éradiquer en 2020

Et si en 2020, il est très probable qu’au moins 10 pays du globe réussissent à éradiquer le paludisme, il faut reconnaître que l’élimination du parasite est un long chemin semé d’embûches. Ces derniers mois, seuls le Sri Lanka et le Kirghizistan ont été déclarés exempts du paludisme pendant 3 années consécutives.

Aussi, pour réussir à réduire de 40 % l’incidence du paludisme d’ici 4 ans, l’agence onusienne appelle les pays membres à se mobiliser et renforcer leurs financements. En 2015, le financement de la lutte antipaludique atteignait un total de 2,9 milliards de dollars, soit moins de la moitié de l’objectif de 2020.