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5ème plan interministériel

Violences faites aux femmes : un plan de lutte ambitieux

Par Anne-Laure Lebrun

Pour faire reculer les violences faites aux femmes toujours massives en France, le gouvernement a lancé un 5ème plan de lutte doté de 125 millions sur 3 ans. 

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En France, toutes les 7 minutes une femme est violée. Tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-conjoint. Chaque année, plus de 220 000 femmes sont victimes de violences dans son couple. Un constat insoutenable et inacceptable qui a pourtant peu évolué malgré les plans de lutte successifs au cours de la dernière décennie.

Un combat qui « doit être mené sans relâche », affirme Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des droits des femmes à l’occasion du lancement du 5ème plan de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes de 2017-2019. « Un nouveau plan très ambitieux », estime Aurélie Latourès, chargée d'étude à l'Observatoire régional des violences faites aux femmes du Centre Hubertine Auclert (Paris).

Ce nouveau plan de 80 pages comporte 122 actions pour atteindre 39 grands objectifs. Une enveloppe conséquente a également été mise sur la table : 125 millions d’euros mobilisés sur 3 ans, soit le double du budget du plan précédent.
« Il permettra de conforter à la fois les nouveaux dispositifs mis en place lors du 4ème plan et renforcera leur mise en œuvre, espère Aurélie Latourès, qui se réjouit particulièrement de la prise en compte de la diversité des situations auxquelles les femmes victimes de violence sont confrontées. Les femmes isolées, notamment celles vivant en milieu rurale, pourront avoir accès à des permanence d’écoute dans les Maisons de service public (Pôle Emploi, Assurance maladie…). Avec l’expérimentation des « bon taxis » dans 25 départements, le ministère espère aussi améliorer leur mobilité.


Les jeunes femmes, une priorité

« Mettre l’accent sur les femmes étrangères victimes de violences, les femmes handicapées ou celles qui cumulent des difficultés est une disposition nouvelle que nous saluons. Nous sommes aussi très enthousiastes de la priorité mise sur les jeunes femmes », indique Aurélie Latourès.
Le centre Hubertine Auclert avait justement émis des recommandations de prise en charge de ce public si particulier. Préconisations reprises par ce nouveau plan. Quelque 100 nouvelles places d’hébergement pour les jeunes femmes de 18 à 25 ans sans enfant seront créées. « A ce jour, un seul centre dédié à leur accueil existe en France et compte seulement 60 places. Créer 100 places supplémentaires ne couvrira pas tous les besoins mais c’est un premier pas », souligne la spécialiste.

Mais pour bénéficier de la protection de ces dispositifs, encore faut-il que ces jeunes femmes victimes de violence en aient connaissance. En plus de le numéro d’écoute et d’orientation 3919, qui reçoit plus de 50 000 appels par an, le ministère va développer un chat sur internet et expérimenter un accueil de jour sans rendez-vous.

Des actions seront prises également pour combattre le cybersexisme qui concerne surtout les jeunes femmes, voire les adolescentes. Alors que la loi sanctionne désormais ces faits de harcèlement en ligne ou la diffusion de photo à caractères intimes sur les réseaux sociaux, le plan prévoit de rappeler aux femmes que le droit les protège.


Déconstruire les stéréotypes

Pour dénoncer ces violences et déconstruire les stéréotypes, le plan mise aussi sur une communication importante sur les réseaux sociaux, les médias ou encore dans les couloirs des métros. « Mais développer une communication sur les réseaux sociaux ne consiste pas seulement à envoyer des messages et des images ponctuellement, c’est vraiment réfléchir à une stratégie entière de communication pour toucher toutes les victimes », prévient Aurélie Latourès, qui souligne que le Centre Hubertine Auclerc sera vigilant à la mise en œuvre de ce plan et les moyens alloués aux associations pour leur permettre de poursuivre leurs actions sur le terrain.