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Marisol Touraine

«La pilule de 3e génération doit devenir l’exception et non la règle »

Par Afsané Sabouhi

La ministre de la Santé demande à l'Agence européenne du médicament de restreindre l’autorisation de mise sur le marché des pilules de 3e et 4e génération.

GELEBART/20 MINUTES/SIPA

 « Les pilules de 3e et 4e générations ne sont pas dangereuses, sinon nous procéderions à leur retrait. Ce qui pose problème, c’est leur prescription trop systématique d’emblée ». La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’est voulue rassurante sur ces contraceptifs oraux, consommés quotidiennement par plus de 2,5 millions de femmes en France.
En conférence de presse, elle a annoncé que l’Agence nationale de sécurité du medicament allait, dès ce soir, saisir son homologue européenne pour demander une modification de l’autorisation de mise sur le marché de ces pilules de 3e et 4e génération. L’objectif de la ministre est de réserver ces pilules aux prescriptions de 2e intention, c’est-à-dire lorsque la femme n’a pas supporté une pilule de 2e génération. Même si'il est faible, le risque cardio-vasculaire des pilules de 3e et 4e générations est en effet supérieur à celui observé pour les pilules de 2e génération.

Ecoutez Marisol Touraine, la ministre de la Santé : « Les pilules de 3e et 4e générations n'apportent aucun bénéfice par rapport à celles de 2e génération »



En dépit de recommandations de la Haute Autorité de Santé datant de 2007 préconisant déjà de ne pas prescrire d’emblée ces pilules de 3e génération, plus de la moitié des femmes sous pilule en France se sont vus prescrire ce type de contraception orale. La ministre a donc demandé la mise en place d’un dispositif de suivi de la prescription des médecins « sans remettre en cause leur liberté de prescription mais pour pouvoir suivre collectivement l’adéquation des prescriptions avec les recommandations ».

Le système de surveillance des effets indésirables des médicaments (la pharmacovigilance) étant de nouveau pris en défaut, la ministre a demandé une étude rétrospective pour évaluer le nombre réel d’accidents vasculaires et artériels survenus chez les femmes sous pilule.
En 27 ans, le système n’a recensé que 567 déclarations d’effets indésirables graves et 13 décès. Sans minimiser la sous-déclaration de ces évènements par les médecins, Marisol Touraine a tenu à marteler que la pilule n’était pas un danger pour les femmes mais une avancée pour elles et pour la société toute entière : «Il ne faut pas céder à la panique. Rien ne serait pire que de voir des femmes renoncer à toute contraception et d’avoir à recourir à l’interruption volontaire de grossesse ».