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Etat d'urgence

Tabac dans les lycées : proviseurs et policiers font front

Par Anne-Laure Lebrun

Depuis les attentats de Paris, certains lycées autorisent les élèves à fumer dans la cour par peur qu'ils deviennent des cibles. Une pratique pourtant interdite. 

VALINCO/SIPA

Faut-il instaurer des zones fumeurs dans les cours des lycées, ou obliger les lycéens à sortir pour fumer leur cigarette ? Le débat agite l’éducation, les associations anti-tabac et les syndicats de police depuis des mois. Et la rentrée est loin de l’apaiser.

Les principales organisations représentatives des personnels de direction des lycées et des commissaires de police, le SNPDEN et le SCPN, ont saisi les parlementaires afin de pouvoir déroger à la loi Evin durant la période de l’état d’urgence. « En effet, celui-ci suppose qu’il n’y ait pas de rassemblements devant les établissements scolaires mais le Code de la santé publique interdit de maintenir les élèves fumeurs dans l’enceinte sécurisée du lycée, expliquent les syndicats dans un communiqué. Dès lors, ces élèves, et ceux qui les accompagnent, exercent leur droit de sortir et se trouvent, d’évidence, exposés à un risque d’attentat dont la tragédie de Nice laisse entrevoir ce qu’il pourrait être ».


Braver l'interdiction

Après les attentats parisiens, le ministère de l’Education avait indiqué aux proviseurs que la mise en place d’espaces restreints dédiés dans les cours de récréation pouvait être toléré. Mais face à la réaction des associations anti-tabac et du ministère de la santé, la ministre Najat Vallaud-Belkacem avait fait marche arrière.

Pour solutionner le problème, le ministère de l’Education et les associations anti-tabac ont proposé que les étudiants restent dans l’enceinte du lycée toute la journée sans fumer. Impossible, pour les chefs d’établissement, qui soulignent que les lycéens n’ont pas pour habitude qu’on surveille leurs faits et gestes. En outre, à partir de la terminale, de nombreux élèves sont majeurs.

Cela signifie-t-il pour autant que les lycées abandonnent la prévention du tabagisme ? Dehors ou dedans, près d’un adolescent de 17 ans sur 3 fume quotidiennement, selon l’enquête Escapad de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies. Une proportion pratiquement inchangée depuis 10 ans. Dès lors, les proviseurs, soutenus par les associations de parents d’élèves, préfèrent mettre la priorité sur la sécurité des élèves.