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Conférence internationale sur le sida

VIH : la carte de l’épidémie région par région

Par Audrey Vaugrente

En fonction des régions, l'épidémie de VIH ne touche pas les mêmes personnes. Certaines sont moins favorisées que d'autres. L'Inserm a réalisé une première cartographie des inégalités.

DenisNata/epictura

L’épidémie de VIH est loin d’être homogène en France. Bien au contraire, certaines régions sont lourdement affectées. En tête : l’Île-de-France et les départements français d’Amérique. Pour la première fois, une description précise de l’épidémie selon les régions a été réalisée par l’Inserm. Les résultats sont présentés lors de la Conférence internationale sur le sida, qui se tient à Durban (Afrique du Sud) du 18 au 22 juillet.

Cette cartographie régionale livre des détails précis sur le virus de l’immunodéficience humaine. « Jusqu’ici, notre connaissance de l’épidémie était le plus souvent limitée au niveau national », souligne l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Or, ces révélations sont nécessaires pour améliorer, et surtout cibler, la riposte contre le VIH.

Rapports entre hommes au coeur

En 2013, 7 100 nouvelles infections ont été signalées dans le pays. Trois régions seulement concentrent la moitié de ces diagnostics : Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Ile-de-France. Mais ces estimations se rapportent au nombre de diagnostics. Lorsque l’analyse porte sur leur proportion par rapport à la population régionale, ce sont les départements d’outre-mer qui paient le plus le prix de l’épidémie. L’Ile-de-France suit de près.


Le profil des personnes séropositives varie en fonction des zones avec une constante : les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes (HSH) sont largement surreprésentés partout. Mais en Île-de-France, les migrants hétérosexuels en provenance d’Afrique subsaharienne sont aussi plus diagnostiqués. En Rhône-Alpes, ce ne sont que les femmes venant de cette aire. Guyane et Guadeloupe, de leur côté, signalent plus d’hétérosexuels des deux sexes nés en Amérique latine et en Haïti. Des détails précieux aux yeux de l’ANRS : les stratégies de prévention peuvent être adaptées en fonction du public majoritairement affecté.

L'épidémie cachée

Il faut trois ans en médiane avant qu’un diagnostic de séropositivité ne soit posé. Dans certaines régions, ce délai court jusqu’à 4 ans. Une faille qui s’explique par le grand nombre de personnes qui vivent avec le VIH sans le savoir : 24 800. Elles transmettent ainsi le virus à leur insu. D’ailleurs, comme le souligne l’ANRS, les régions où le plus de nouvelles infections surviennent sont aussi celles où la part de séropositifs qui s’ignorent est élevée. Là encore, 50 % d’entre eux vivent dans 3 régions : Ile-de-France, PACA et Rhône-Alpes.


La conclusion est simple aux yeux de l’ANRS : les programmes de prévention doivent être intensifiés et ciblés. « Ces estimations vont permettre d’adapter les réponses aux besoins spécifiques de chaque région, et dans chaque région auprès des populations les plus touchées par le VIH, et par la suite d’évaluer l’impact de ces réponses sur l’épidémie du VIH », conclut l’Agence.