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Fondation de l'Académie de médecine

Santé publique : premier forum franco-russe à Moscou

Par le Dr Sophie Lemonier

Les liens sont renoués entre la médecine russe et française. Le 1er forum franco-russe de santé publique et d’innovation médicale les a officialisés.

De gche à drte : I.Dedov vice-prsdt Académie des Sciences de Russie, V. SKVORTSOVA ministre de la santé russe, JM. DRU prsdt FAM, F. MONDOLONI ministre-conseiller ambassade.
MOTS-CLÉS :

On est toujours trahi par les siens… La médecine française est très critiquée de l’intérieur, mais elle est plébiscitée à l’étranger et pourrait même servir de modèle à d’autres pays. Et c’est l’Académie nationale de médecine qui s’est fait le porte parole de ce savoir faire. Si cette vénérable institution est parfois vivement remise en question dans l’hexagone, elle n’en est pas moins un sésame à l’étranger. « Parler au nom de l’Académie nous ouvre toutes les portes » constate  Jean-Marie  DRU, président de la  Fondation de l’Académie de médecine (FAM), le bras armé de l’Institution qui de son côté, n’a pas de fonds propres. Sous ce label, l’Académie peut organiser des forums à travers le monde entier pour nouer des contacts, échanger, partager les connaissances et la qualité made in France avec un seul but : faire progresser la médecine à travers le monde. Selon son vice-président, le Pr Claude Jaffiol, « l’Académie nationale de médecine a toute la légitimité pour tenir ce rôle qui devrait revenir à des institutions d’état, gràce à son indépendance par rapport à des agences officielles, ses références scientifiques et son éthique ». Qu’il y ait malgré tout une volonté de rajeunir ou de redorer un blason, les faits sont là : le premier forum franco-russe est un succès.

 

Nouer des liens entre experts

Avec seulement trois années d’existence, mais beaucoup de kilomètres, la Fondation de l’Académie de médecine ( FAM) a tout d’une grande : après avoir organisé des forums  chez les grandes puissances émergentes que sont le Brésil, l’Inde, la Chine, le Mexique, elle vient de boucler sa tournée des BRICS ( les 5 grandes puissances émergentes, excepté le Mexique) par la Russie. Car c’est ainsi que fonctionne la Fondation : en s’appuyant sur les équivalents des Académies de médecine locales, ou bien sur l’Académie des Sciences comme en Russie, elle organise en point d’orgue, un forum très officiel où les experts des deux pays nouent les premiers liens de coopération vers des projets communs que ce soit des études ou des axes de recherches. Au programme des forums, des sujets de santé publique, parfois « chauds » : diabète, cancer, vaccination, pollution … Certes tout cela peut paraître très théorique, mais concrètement ces forums ont fait évoluer les mentalités : ainsi en Chine, parler de pollution est devenu moins tabou et à Moscou une étude sur l’épidémiologie du diabète de type 2 en Russie, fruit d’une collaboration franco-russe, a permis de faire un état des lieux qui pourra orienter les politiques de santé et de prévention... Une petite goutte dans un océan de besoins, mais pour Jean-Marie Dru, c’est le tout début d’une longue histoire de coopération et de projets.

 

La santé : 6,5% du budget 

En Russie, l'objectif affiché est de relancer une coopération médicale qui est aujourd'hui à l’agonie dans un pays en proie à des difficultés médicales. La Fondation souhaite retrouver une collaboration qui avait été, il y a longtemps, très active et qui remonte … à l’époque de De Gaulle. Mais l’effondrement du bloc soviétique dans les années 90, puis tout récemment la baisse du prix du baril de pétrole qui a divisé presque par deux les revenus du pays, enfin les sanctions économiques infligées à la Fédération de Russie suite à l’annexion de la Crimée, font qu'aujourd'hui la médecine et l’accès aux soins sont besoin d'être optimisés. Et dans une fédération immense, de 10 000 km d’est en ouest, 7 fuseaux horaires et 170 millions d’habitants, qui ne consacre à la santé que 6,5% de son budget global, la Ministre de la santé, Véronika SKVORTSOVA, voit d’un très bon œil cette première étape de collaboration, alors que le système de santé est en train d’évoluer.

Ecoutez...
Véronika SKVORTSOVA, Ministre de la santé, Fédération de Russie

Une aide qui se justifie d’autant plus que ce pays a été dans le passé, une grande puissance scientifique, mais est passé de la 2ème place au monde à la 18 ème. Pour Alexis Michel, conseiller pour la science et la technologie à l’ambassade de France à Moscou, les sciences occupent malgré tout encore une grande importance et se transforment en profondeur: les institutions de recherche vont travailler avec les Universités et se rapprochent des entreprises, une véritable révolution sans doute poussée aussi par la nécessité d’endiguer la fuite des cerveaux et de stabiliser les jeunes en Russie. Dans un contexte où la France est placée au 3ème rang de ses partenaires derrière l’Allemagne et les Etats-Unis, la médecine a toute sa place.

 

Ecoutez...
Alexis MICHEL, conseiller pour la science et la technologie à l’ambassade de France à Moscou

 La prochaine étape de la Fondation est de retourner voir tous les pays visités ou encore de les accueillir à Paris : une délégation indienne viendra en Novembre en France.

Et qui sait ? Les médecins vont peut-être réussir là où les politiques n’ont pas forcément abouti…