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Twitter : un patient contraint un généraliste à fermer son compte

Une généraliste habituée du réseau social Twitter a fermé son compte il y a quelques jours. Dans un contexte de bad buzz fréquents, des patients lui reprochaient son humour déplacé.

Twitter : un patient contraint un généraliste à fermer son compte MATHIEU PATTIER/SIPA




« Avec cette police du tweet, je pense qu'on vit la fin d'une ère sur Twitter, celle où patients et médecins pouvaient dialoguer...» C'est le regret exprimé par le Dr Jean-Jacques Fraslin (@Fraslin) qui, comme beaucoup de ses confrères, n'a pas échappé à la mode des réseaux sociaux. Dans son message posté lundi, ce généraliste à Bouguenais, près de Nantes, fait référence au Arnica Gate, selon la formule des médecins twittos. L'affaire concerne une généraliste exerçant à Strasbourg qui a dû fermer son compte Twitter à la suite de messages ayant entraîné la colère d'une patiente.

Cette dernière lui reprochait d'avoir fait de l'humour sur des malades de Lyme ou électrosensibles. Sur ces derniers, la médecin écrivait par exemple avoir reçu son premier patient « magnéto-sensible ». La généraliste a aussi comparé un nouveau déambulateur à des voitures de luxe de fabrication anglaise.
Des mots drôles pour certains, blessants pour d'autres. Preuve en est avec une plainte qui aurait été déposée auprès du Conseil Départemental de l'Ordre des médecins (CDOM) du Bas-Rhin, d'après des internautes. L'instance en question ne confirme pas.
 

Des médecins de plus en plus dans la e-tourmente 

Mais cette affaire n'est pas la première. Les "bad-buzz" concernant les médecins se multiplient. Selon Yves Cottret, délégué général de la Fondation MACSF, ces litiges connaissent en effet une hausse fulgurante. Entre 2010 et 2014, il confirme que la Mutuelle d'assurances du corps de santé français a vu trois fois plus de ses sociétaires impliqués dans des "bad buzz" liés au droit à l'image ou l'atteinte à l'honneur. Ces professionnels de santé demandent à la MACSF comment réagir face à ces attaques numériques : « nous recevons 6-9 appels par semaine de ce type », confie Yves Cottret. Il souligne que la grande majorité seraient des victimes de la rumeur, « mais certains, plus rarement, sont aussi auteurs », souligne-t-il.

Il cite facilement le cas d'un anesthésiste ayant maquillé d'une moustache une patiente ou encore un interne ayant posté un selfie avec dans le décor des patients reconnaissables. Des dérapages graves, portant atteinte au secret professionnel, « nous en avons aussi rencontré sur Internet », fait-il remarquer. En réaction, la MACSF a créé deux guides pour aider les médecins à ne pas déraper. Le premier concerne les bonnes pratiques sur les réseaux sociaux et le deuxième est spécifiquement consacré à la gestion de la rumeur. 

L'Ordre va rappeler les règles  

Joint par Pourquoidocteur, le Dr Jacques Lucas, en charge de la déontologie médicale à l'Ordre des Médecins (CNOM), rappelle que « comme tous les autres citoyens, les médecins ont droit à la liberté d'expression ». Mais avec ses près de 7 000 abonnés sur Twitter, l'homme a une grande expérience du réseau social. Pour cette raison, l'auteur d'un livre blanc sur le sujet appelle praticiens et patients « à prendre de la distance par rapport aux tweetclash ». Il conseille aussi « de la modération » aux deux parties. 
Sa devise, « ne pas dire sur Twitter ce qu'on n'oserait pas dire sur la place publique ». Il préfère donc l'humour à l'ironie blessante. 

Et face à ces conflits numériques, le Dr Lucas a décidé d'agir. Surtout pour faire de la prévention. Il prépare ainsi un nouveau document dédié uniquement à la déontologie médicale sur les réseaux sociaux. « Je rappelle cependant qu'aucun médecin n'a jamais été condamné pour des propos sur les réseaux sociaux », ajoute-t-il au passage. « On essaye de faire attention et de ne pas être trop méchant, les tweets sur des paroles de patients, c'est plutôt pour faire sourire », estime le Dr Fraslin. « L'auto-modération, c'est notre crédibilité », conclut ce généraliste. 

 

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