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Etude danoise

Insuffisance cardiaque : un obstacle à la vie active

Par Anne-Laure Lebrun

Un an après leur première hospitalisation, 37 % des insuffisants cardiaques ne reprennent pas leur travail. Les seniors et les femmes sont les premiers concernés. 

eggeeggjiew/epictura

Plus d’un tiers des insuffisants cardiaques hospitalisés pour la première fois ne retournent pas travailler dans l’année qui suit, révèle une étude présentée au Congrès 2016 de l’insuffisance cardiaque par le Dr Rasmus Roerth de l’hôpital universitaire de Copenhague (Danemark).

Cette pathologie chronique se déclare lorsque le cœur n’assure plus son rôle de pompe acheminant le sang aux autres organes. L’hypertension artérielle et l’infarctus du myocarde sont les principales causes de cette maladie aux lourdes conséquences, parfois invalidantes. « L’incapacité à conserver un emploi à temps plein est une conséquence indirecte de l’insuffisance cardiaque, souligne le médecin danois. La majorité des connaissances sur cette maladie provient d’études menées chez les personnes âgées puisqu’elles sont les premières affectées. Mais cela a conduit à une méconnaissance concernant l’impact sur le quotidien des malades les plus jeunes, qui sont certainement le plus à perdre lorsque la maladie se déclare ».

Avec son équipe, le Dr Rasmus Roerth s’est donc attelé à dresser le portrait de ces jeunes insuffisants cardiaques. Ils ont étudié les dossiers médicaux de plus de 11 880 patients actifs âgés de 18 à 60 ans.

 


Les seniors et les femmes, premiers concernés

Leur analyse révèle que la première hospitalisation représente le premier obstacle à la vie active. « Parmi les patients vivants un an après leur hospitalisation, 37 % ne sont pas retournés à leur travail, ce qui est une proportion importante. Cela confirme que l’insuffisance cardiaque réduit fortement la capacité des patients à reprendre une activité et une vie normale », indique le responsable des travaux.

Les plus jeunes d’entre eux semblent se remettre plus vite sur pied. Les 18-30 ans sont, en effet, 3 fois plus nombreux à avoir repris le travail que les plus de 50 ans. En outre, les patients ayant un niveau d’éducation plus élevé sont 2 fois plus susceptibles de reprendre le travail dans l’année qui suit leur hospitalisation. « Cela pourrait être du au fait qu’un niveau d’instruction élevé est associé à un emploi moins exigeant sur le plan physique. Il est encore plus plausible que ces patients puissent bénéficier d’un emploi du temps plus flexible », suppose le Dr Rasmus Roerth.

Ces travaux montrent également que les hommes reprennent le travail plus rapidement que les femmes. Les chercheurs ne pensent pas que les hommes ont une meilleure récupération. Ils suggèrent que cette reprise est plus rapide chez eux car ils sont poussés par des raisons économiques et financières.


Améliorer leur réhabilitation

A l’inverse, les malades restés à l’hôpital plus d’une semaine ou ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral (AVC), de pathologie chronique rénale ou pulmonaire, ou encore de diabète ou de cancer sont moins enclins à retourner au travail.

Le Dr Rasmus Roerth souligne l’importance de poursuivre ces travaux afin de déterminer les raisons exactes qui empêchent certains insuffisants cardiaques à conserver leur emploi et reprendre une vie sociale et professionnelle normales. « Cela nous permettra de trouver des moyens de prévention, comme une réhabilitation plus intensive fondé sur un suivi psychologique ou de l’éducation thérapeutique », conclut-il.