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Suicide, maladies chroniques, ...

Santé publique : le chômage cause 14 000 décès par an

Par Ambre Amias

Alors que le chômage est au plus haut, le Conseil économique, social et environnemental interpelle le gouvernement sur ses effets délétères sur la santé.

Pôle emploi/Flickr

Le chômage touche 10,6 % de la population active, et a sensiblement augmenté depuis 2008. De plus en plus de personnes se retrouvent dans des situations financières compliquées mais pas seulement. La section des affaires sociales et de la santé du Conseil économique, social et environnemental (CESE) alerte sur les nombreuses conséquences du chômage sur la santé de ces personnes sans emploi.

D’après une étude de l’Inserm (SUIVIMAX), 14 000 décès par an pourraient lui être imputés. Mis en perspective avec le nombre de morts sur la route (3464 décès), la statistique est édifiante. Le chômage est en particulier un facteur de risque supplémentaire pour les maladies cardiovasculaires, certaines maladies chroniques, ou des cancers.

 

 

Les chiffres du chômage (Infographie CESE)

Pour expliquer ce constat, Le Pr Pierre Meneton, directeur de recherche à l’Inserm, indique que les chômeurs ont des « comportements à risque ». En moyenne, « ils consomment plus d'alcool, moins de fruits et légumes, et ont un apport calorique (hors alcool) très significativement plus élevé que la moyenne ».

Hausse de 1,5 % du taux de suicide

Les facteurs psychologiques sont aussi primordiaux. L’impact social de la perte d’emploi favorise les séparations dans les couples et l’isolement social. La pression de l’entourage est forte : si l’on en croit les sondages*, 60 % des personnes interrogées estiment que les chômeurs pourraient trouver un emploi s’ils le souhaitaient réellement, et les Français sont de moins en moins nombreux à penser que l’Etat se soucie suffisamment des plus démunis (73 % en 1994, 46 % aujourd’hui).

Résultat : la dépression s’installe souvent : 24 % des hommes et 26 % des femmes déclarent un état dépressif ou anxieux. Une augmentation de 10 % du chômage serait liée à une hausse de 1,5 % du taux de suicide**. Pour remédier à toutes ces conséquences, le CESE a exposé aujourd’hui ses recommandations. Il souhaite que de grandes études épidémiologiques soient mises en place pour évaluer l’impact sanitaire et les facteurs de risque avec plus de précision.

Il recommande aussi la mise en place d’un accompagnement, de règles de licenciement, par de l’information et la mise en place, mais aussi en proposant un soutien psychologique à chaque personne qui le souhaite, lorsqu’elle est reçue par Pôle emploi. L’établissement public est aussi encouragé à former ses employés afin qu’ils soient capables de repérer des situations à risque, dans un souci préventif.

 

(*) Enquête du Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC)

(**) Bulletin épidémiologique 2015