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Record de recherches internet

VIH : les scientifiques mettent en évidence un "effet Charlie Sheen"

Par Anne-Laure Lebrun

Le jour où l'acteur américain a révélé sa séropositivité, les recherches internet sur le VIH ont explosé aux Etats-Unis. A tel point que des experts parlent déjà de « l’effet Charlie Sheen ».

Peter Kramer/AP/SIPA
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La parole des célébrités a bien souvent plus de poids que celle des politiques, notamment dans le domaine de la santé. L’exemple le plus frappant est Angelina Jolie. En mai 2013, puis en mars 2015, l’actrice américaine confie aux médias américains avoir subi une double mastectomie préventive et une ovariectomie. Elle explique que sa décision a été motivée par ses antécédents familiaux et surtout par la découverte d’une mutation du gène BRCA1. Ces annonces font l’effet d’une bombe : les consultations génétiques explosent, et avec le nombre d’opérations préventives.

Aujourd’hui, c’est l’effet Charlie Sheen qui intrigue. En novembre 2015, il révèle à la télévision nationale américaine sa séropositivité. « Je souffrais de migraines, de sueurs nocturnes, a confié l’acteur au présentateur de la matinale de NBC. Je pensais que j’avais une tumeur au cerveau, que ma vie était finie ». Diagnostiqué 4 ans auparavant, le fantasque Charlie Sheen raconte ignorer comment il a pu contracter le virus de l'immunodéficience humaine (VIH).

Pour les Américains, cette révélation est un électrochoc. Le jour où il se livre à la télévision, un pic de recherches internet sur le VIH et un record de couverture médiatique sont enregistrés, selon une étude de l’université de San Diego (Californie, Etats-Unis) publiée ce lundi dans le JAMA Internal Medicine.


Près de 3 millions de recherches supplémentaires

Les chercheurs ont analysé les requêtes faites sur Google entre le 17 novembre, date de la révélation et le 8 décembre 2015. Ils ont pris en compte toutes les recherches incluant les mots clés « VIH », « préservatifs », « symptômes » ou  « signes du VIH », « dépistage du VIH » ou « tests de dépistage ».

Sur une seule journée, les scientifiques ont recensé 2,75 millions de recherches de plus que prévu, soit une hausse de 417 % par rapport aux jours précédents. L’augmentation la plus considérable concerne les recherches sur le dépistage (plus de 540 %) et les symptômes de la maladie (214 %). Une tendance qui s’est maintenue pendant 3 jours.

Par ailleurs, la couverture médiatique de cette révélation a également atteint des records. En se concentrant sur les quelques heures qui ont suivi l’annonce de l’acteur, les chercheurs ont observé une hausse de 265 % des articles mentionnant le mot VIH, la quasi-totalité d’entre eux mentionnait également le nom de l’acteur. Les auteurs soulignent que jusqu’alors les articles évoquant le sida et le VIH connaissaient un déclin historique.


Mobiliser le grand public

« Bien que personne ne devrait être contraint de révéler sa séropositivité, l’interview de Charlie Sheen a pu avoir un impact positif sur la santé publique en contribuant à la prévention et l’information sur le VIH », indique John Ayers, professeur de santé publique à l’université de San et responsable de ces travaux.

« La révélation de Charlie Sheen pourrait être un événement important pour mobiliser immédiatement l’attention du grand public sur le VIH, ajoute Seth Noar, spécialiste des campagnes médiatique de prévention du sida à l’université de Caroline du Nord et co-auteur de l’étude. Elle pourrait également permettre de rendre les messages de santé publique beaucoup plus frappants. »

Les auteurs soulignent que Charlie Sheen n’est pas la première personnalité a dévoilé sa séropositivité. Magic Johnson, ancien joueur de basket-ball, ou encore l’acteur américain Rock Hudson avaient aussi vu leur état de santé s’afficher en une des journaux. Mais l’omniprésence d’internet et des réseaux sociaux renforcent « l’effet Charlie Sheen » et pourraient même le rendre durable, estiment-ils.