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Diagnostic en 7 points

Addiction : la dépendance au shopping existe vraiment

Par Audrey Vaugrente

Oui, l’addiction au shopping existe. C’est la conclusion d’une équipe américaine qui a mis au point un score. Il permet de diagnostiquer la dépendance et sa sévérité.

Extrait du film "Confessions d'une accro au shopping" (RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA)

Certains l’appellent la fièvre acheteuse, d’autres en font un achat compulsif. L’auteur américaine Sophie Kinsella en a même tiré un livre - Confessions d’une accro au shopping. Mais à en croire une étude parue dans Frontiers in Psychology, faire les boutiques est une addiction bien réelle. Ses auteurs en ont même tiré une échelle de sévérité des symptômes.

 

Les symptômes reculent avec l’âge

Diagnostiquer une addiction au shopping, voilà qui n’est pas courant. Et pourtant, les critères mis au point par l’équipe du Dr Cecilie Schou Andreassen se rapprochent étonnamment d’une dépendance aux substances psychoactives. Pour mettre au point cette échelle, son groupe de recherche a d’abord observé le comportement de 23 537 personnes. L’analyse de cette population a permis de tirer le portrait des « accros au shopping. »

« Il est clair que l’achat compulsif est bien plus fréquent dans certains groupes démographiques, établit le Dr Andreassen. Ce sont principalement des femmes, et l’addiction commence généralement en fin d’adolescence ou au début de l’âge adulte, et se calme avec l’âge. »

Les extravertis plus à risque

La fièvre acheteuse colle davantage à certains traits de caractère, révèle aussi l’étude. Les personnes extraverties ou névrosées seront ainsi plus exposées que leurs pairs qui privilégient les stimuli intellectuels nouveaux, qui sont d’un tempérament plus ouvert. Ces derniers seraient davantage dans le contrôle de soi, dans l’évitement des conflits que peut générer une fièvre acheteuse.

« Les extravertis, qui sont généralement des êtres sociaux en recherche de sensation, peuvent se servir du shopping comme d’une manière d’exprimer leur individualité, ou pour accroître leur position sociale et leur attractivité personnelle, analyse Cecilie Andreassen. Les personnes névrosées, généralement anxieuses, dépressives ou gênées, peuvent s’en servir pour réduire leurs sentiments négatifs. »

Le shopping serait alors un mécanisme d’évitement ou de gestion de sensations désagréables. Mais paradoxalement, soulignent les chercheurs, se plonger dans l’achat compulsif peut créer un cercle vicieux.

La fièvre acheteuse est rendue d’autant plus problématique qu’elle est catalysée par la société actuelle, selon le Dr Andreassen. « La technologie moderne a rendu le shopping très accessible, et de façon aisée, ce qui peut démultiplier le problème qu’il soulève – particulièrement lorsqu’il est combiné à des facteurs socio-culturels comme les réseaux sociaux, les cartes de crédit ou la publicité », commente-t-elle. L’étude ne dit pas si un sevrage total est la solution, ni si cette forme, pour le moins originale, de dépendance sera ajoutée au manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).

 

Une échelle en 7 points

L’échelle mise au point par l’équipe de Cecilie Andreassen se concentre sur 7 thématiques qui se rapproche fortement des questionnaires destinés aux autres formes de dépendance. A chaque entrée, 4 réponses sont possibles : pas du tout d’accord (0), pas d’accord, ni d’accord ni pas d’accord, d’accord, tout à fait d’accord (4).

-       Vous pensez tout le temps au shopping ou à l’achat

-       Vous achetez pour changer votre humeur

-       Vous achetez tellement que cela perturbe vos activités quotidiennes

-       Vous avez le sentiment que vous devez acheter toujours plus pour obtenir la même satisfaction

-       Vous avez souhaité acheter moins mais vous n’y êtes pas parvenu

-       Vous vous sentez mal si, pour quelque raison que ce soit, on vous a empêché d’acheter quelque chose

-       Vous achetez tellement que cela affecte votre bien-être

Si la réponse à 4 de ces entrées est « d’accord » ou « tout à fait d’accord », il est possible de conclure à une dépendance, d’après le Dr Andreassen.