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Alzheimer : l'efficacité des traitements contestée

Par Philippe Berrebi

A quoi servent les experts médicaux et les rapports qu’ils commettent régulièrement à la demande des organismes officiels ou du gouvernement ? A rien, répond en substance le Pr Olivier Saint-Jean. Alors que s’ouvre ce lundi la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, ce chef de service de gériatrie à l’hôpital européen Georges-Pompidou dénonce, dans les colonnes de Libération, l’inefficacité « de ces médicaments que l’on prescrit en masse à nos vieux malades ».

Depuis dix ans, celui qui se bat contre la médicalisation de la vieillesse tente de se faire entendre auprès des autorités. En vain. Dans le rapport qu’il remet en 2006 à l’INSERM, raconte le quotidien, il démontre que le niveau de preuve apporté dans les études pour attester du bénéfice des médicaments est nul. « Pendant des années, ils ont été encore plus prescrits, cela coûtait à la collectivité près de 300 millions d’euros par an, alors que cela ne servait à rien. Pire, ils pouvaient même être toxiques », martèle le spécialiste dans le journal.

Au cours de ces années, la Haute Autorité de santé (HAS) réévalue ces produits en jugeant leur effet très limité. Mais rien n’y fait. Ou presque. Tenant compte d’expertises indépendantes, les pouvoirs publics décident de passer le taux de remboursement de 65 % à 15 %. « Mais comme les patients sont en affection longue durée, ils sont pris en charge à 100 % », précise le journaliste, Eric Favereau.

S’il appartient au ministère de la Santé de statuer sur le déremboursement total, Olivier Saint-Jean attend toujours de la part des industriels les études sur les effets à long terme des produits.

Au-delà des conflits d’intérêts qui peuvent éclairer des décisions jugées incohérentes, il y a également ce que le gériatre appelle « la posture médicale ».
« Comment annoncer le diagnostic de maladie d’Alzheimer sans dire ensuite au patient : "mais je vous donne un traitement" », explique-t-il.
Pour lui, rien ne justifie la poursuite de la prescription de médicaments inutiles. C’est vers une prise en charge globale qui s’appuie sur des centres spécialisés et sur un soutien à domicile qu’il faut aujourd’hui se tourner.