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Preuve de concept

Cancers de la tête et du cou : bientôt détectés dans la salive et le sang

Par Anne-Laure Lebrun

Une équipe américaine a montré que détecter les cancers de la tête et du cou est possible dans la salive et le sang. Combiner les deux tests permettrait de diagnostiquer tous les cancers dans cette région.

Shawn Rocco/AP/SIPA
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Repérer tôt les cancers pour mieux les traiter est un enjeu majeur en oncologie. Pour ce faire, de nombreuses équipes de recherche développent une nouvelle génération de tests de dépistage capables de détecter dans le sang ou la salive de l’ADN tumoral circulant.

Des chercheurs de l’université de médecine de Johns-Hopkins (Baltimore, États-Unis) viennent de montrer qu’il est possible de détecter ce biomarqueur tumoral chez des patients atteints d’un cancer de la tête et du cou. Ils ont publié leurs résultats ce mercredi dans le journal Science Translational Medicine.

Les chercheurs ont analysé la salive de 93 patients récemment diagnostiqués ou en récidive, et 47 d’entre eux ont aussi donné un échantillon de sang. Parmi ces malades, certains ont développé un cancer suite à une infection par le papillomavirus (HPV), pour d’autres, le tabac ou l’alcool est à l’origine de la maladie.

Des tests très sensibles

D’après leurs résultats, les tests salivaires ont détecté de l’ADN tumoral chez 71 patients sur 93 (76 %), et il a été retrouvé dans le sang de 41 volontaires sur 47 (87 %). Tous les cancers de la cavité buccale ont été correctement identifiés grâce au test salivaire. En revanche, ce test n’est pas aussi efficace pour tous les autres types de cancers étudiés. « Une des raison est que nous n'avons pas demandé aux participants de se gargariser, nous leur avons seulement demandé de se rincer la bouche avant de nous fournir l’échantillon », explique Nishant Agrawal, professeur d’oto-rhino-laryngologie (ORL) et d’oncologie à Johns-Hopkins et auteur principal de l’étude.

« Selon nos résultats, tester la salive s’avère être la meilleure façon de détecter les cancers de la cavité buccale, alors que les tests sanguins semblent plutôt adaptés au dépistage des cancers du larynx, de l’hypopharynx et de l'oropharynx (deux parties anatomiques du pharynx, ndlr), indique le chercheur. Cependant, combiner les deux tests permettrait de diagnostiquer tous les cancers dans cette région. »

Moins de 50 dollars

Ce dernier explique, par ailleurs, que la sensibilité du test dépend de la localisation du cancer, de son stade (précoce ou avancé), mais également si le cancer est associé au virus HPV. Aussi, il semblerait que les tests salivaires soient plus efficaces pour détecter précocement les cancers, contrairement aux tests sanguins.

« Notre but ultime est de développer des tests capables de dépister ces cancers dans la population générale et d'améliorer la surveillance de la récurrence », indique Bert Vogelstein, co-directeur du centre Ludwig à Johns-Hopkins et co-auteur de l’étude. Les chercheurs espèrent pouvoir commercialiser leur test à des coûts raisonnables. « Notre objectif est de créer un test de moins de 50 dollars pouvant être délivré par les médecins et les dentistes », ajoute Nishant Agrawal.

Ces tests simples sont également une alternative aux biopsies actuellement réalisées lorsque des lésions paraissent suspectes. Or, ce geste lourd et souvent douloureux pour les patients est loin d’être optimal, car il ne détecte pas les cancers de la tête et du cou aux stades peu avancés. Développer des outils le permettant garantirait aux patients plus de chances de guérison.

 

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