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Bon taux de survie à 3 ans

Greffe d’organes : le don entre séropositifs pour lutter contre la pénurie

Par Audrey Vaugrente

Le nombre d’organes disponibles pour les transplantations est trop faible. Autoriser le don entre séropositifs réglerait une partie du problème, selon des chercheurs américains.

OLYMPIA/SIPA

La pénurie d’organes ouverts à la greffe est un problème mondial. Aux Etats-Unis, comme en France, la liste d’attente s’allonge d’année en année. Comment élargir le nombre de donneurs potentiels ? Les Américains ont peut-être trouvé une solution. Depuis 2013, les organes de personnes séropositives peuvent être transplantés à des receveurs également infectés par le VIH. Aucun établissement n’a franchi le pas. Pourtant, 400 donneurs supplémentaires seraient disponibles chaque année, selon une étude parue dans l’American Journal of Transplantation.

 

« Un impact modeste mais important »

La loi HIV Organ Policy Equity (HOPE) permet, depuis novembre 2013, d’ouvrir la greffe d’organes entre personnes séropositives. Cette loi a également ouvert le champ à des recherches sur la sécurité d’une telle pratique. Les Instituts américains de la santé (NIH) élaborent des recommandations qui l’encadrent. Une équipe de l’université de Pennsylvanie s’est penchée sur l’impact d’une mise à l’œuvre de la loi sur les listes d’attentes. Pour cela, les chercheurs ont passé en revue les dossiers de patients séropositifs suivis dans 6 centres de Philadelphie et décédés dans un intervalle de 5,5 ans.

Chaque année, à Philadelphie, l’application de la loi HOPE permettrait 4 à 5 donneurs supplémentaires. « Ces individus peuvent fournir 2 à 3 reins et 4 à 5 foies. Si nous extrapolons ces résultats pour estimer les capacités à l’échelle nationale, environ 400 donneurs d’organes potentiels pourraient être disponibles chaque année, explique le Dr Emily Blumberg, dernier auteur de l’étude. Les organes provenant de donneurs séropositifs qui seraient disponibles auraient un impact modeste, mais important, sur la liste d’attente. » En effet, rien qu’à Philadelphie, 80 à 100 séropositifs sont en attente d’un don d’organes.

De bons résultats en Afrique du Sud

Le nombre de greffons potentiels est donc établi. Mais qu’en est-il de leur qualité ? Selon les estimations, tous les organes ne seraient pas transplantables. Les patients séropositifs vivant plus longtemps, ils sont plus à risque de maladies cardiovasculaires, d’hépatites ou de cancers, expliquent les auteurs. La viabilité à long terme des organes, par rapport à un donneur idéal, est donc moins bonne. Mais elle reste malgré tout très bonne. A 3 ans, la survie estimée dépasse 70 %. Sur l’année 2013, l’ensemble des greffes était associé à une survie de 83 %.

« Ces résultats sont significatifs parce qu’il n’y a pas assez de donneurs d’organes aux Etats-Unis pour transplanter les patients qui ont un besoin vital d’une greffe. Certains patients en attente sont séropositifs ; mais ils n’atteignent jamais la transplantation, soit parce qu’ils décèdent entre temps, soit parce qu’ils sont trop malades pour être transplantés, commente le Dr Blumberg. Les patients séropositifs se portent généralement bien. Il est donc important de continuer à chercher des moyens d’améliorer leur accès à la transplantation. »

L’exemple de l’Afrique du Sud, qui permet depuis 2008 le don d’organes entre séropositifs, penche aussi en faveur de cette pratique. 29 reins ont été transplantés dans un seul centre. Plus de 7 greffés sur 10 étaient encore en vie 5 ans après.