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QUESTION D'ACTU

Jeanne Brugere-Picoux

Grippe aviaire : la France n'avait jamais été confrontée à ce virus

ENTRETIEN. La France se lance dans l'abattage massif de canards pour lutter contre la grippe aviaire. Une mesure drastique qui pourrait se répéter dans les années à venir.  

Grippe aviaire : la France n'avait jamais été confrontée à ce virus Goodluz/epictura




Alors que le Sud Ouest de la France recense 89 foyers d’influenza aviaire H5N8 hautement pathogène, une campagne d’abattage massif a été mise en place. A partir de ce jeudi 5 janvier et jusqu’au 20 janvier, près d'un million de canards élevés dans 150 communes du Gers, des Landes et des Hautes-Pyrénées vont être tués pour stopper la propagation du virus. Une mesure radicale qui illustre l’agressivité de cette épizootie.
Une situation à laquelle la France n’avait encore jamais été confrontée, relève Jeanne Brugère-Picoux, professeur honoraire de l’École nationale vétérinaire d’Alfort interrogée par Pourquoidocteur.

Malgré les mesures de protection, l’épidémie se propage à une vitesse fulgurante. Pourquoi ?
Jeanne Brugère-Picoux
D’abord parce que le virus qui circule actuellement est extrêmement pathogène, et que la France n’avait pas l’habitude de faire face à une maladie aussi contagieuse. Le pays n’avait en effet jamais été confronté à la peste aviaire depuis la découverte du virus dans les années 1950. Donc on a eu de la chance jusqu’à présent. Mais depuis l’épizootie de 2015, on sait que nos élevages ne sont pas à l’abri et que le risque augmente. Une situation similaire sur tout le continent.

Cette épizootie de H5N8 a éclaté en décembre 2016 dans le Tarn alors que les premiers foyers en Europe ont été signalés en octobre en Allemagne. Mais fait nouveau, elle touche les canards. D’habitude, ils ne sont pas sensibles à ces virus, ils sont des porteurs asymptomatiques. On n’a jamais eu un virus si pathogène pour les canards, ils meurent en seulement quelques heures.

 

Ecoutez...
Jeanne Brugère-Picoux, professeur honoraire de l’École nationale vétérinaire d’Alfort  : « Le vide sanitaire se terminait. Nous étions à un jour d'être déclaré indemne et pouvoir réexporter... »


C’est notamment pour cette raison qu’un million de canards vont être abattus.
Jeanne Brugère-PicouxDans 150 communes à risque, tous les canards vont être tués pour tenter d’enrayer la progression du virus. Les autorités ont décidé d’y avoir recours car l’épizootie n’est pas stabilisée et que sa propagation menace des gros élevages de canards, et parmi eux des élevages de sélectionneurs. Les perdre serait dramatique.

Cette mesure drastique est très grave et va au-delà des mesures habituelles d’éradication. Cela permettra également d’éviter qu’il y ait des animaux porteurs asymptomatiques qui pourraient transmettre le virus.


Ces épisodes sont récurrents. Comme prévenir les prochains ?

Jeanne Brugère-Picoux :L’an dernier les mesures de biosécurité ont été efficaces. Mais cette année on peut se demander si on a suffisamment contrôlé les déplacements de personnes et d’animaux quand on assiste à une telle flambée. On peut penser que les mesures n’ont pas été strictement appliquées.

Dans le même temps, il ne faut oublier que le virus peut être transmis par les oiseaux migrateurs. La propagation du virus H5N8 serait d’ailleurs la conséquence d’une contamination par ces animaux sauvages. Et là c’est beaucoup plus difficile à prévenir car on ne peut pas les éliminer. On ne peut pas non plus supprimer les parcours extérieurs pour les canards. Alors il serait possible de restreindre dans les périodes à risques ces parcours ou effrayer les oiseaux sauvages avec des effaroucheurs.

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