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QUESTION D'ACTU

Anxiété, agressivité, violence...

Paris : les maux psychologiques des enfants sans domicile

Les enfants sans domicile, et qui sont hébergés avec leur famille dans des centres d’urgence, présentent davantage de troubles psychologiques que les autres, selon une étude.

Paris : les maux psychologiques des enfants sans domicile ©Laurence Geai/UNICEF France - Bahman, 17ans, Afghanistan Mars 2016. Bahman a accepté une place dans un container du CAP (Centre d'accueil provisoire) construit début 2016 et qui jouxte le bidonville.




Ce sont les effets collatéraux de la crise des migrants. Les enfants qui vivent sans domicile sont nettement plus à risque de troubles mentaux que les autres, confirme une étude récente. Si ce constat peut sembler logique, cette recherche de l’Observatoire du Samu social, à laquelle a participé une équipe Inserm (1), a le mérite de faire le point sur ces risques et d’identifier plusieurs facteurs associés.

L'enquête ENFAMS (2) a été menée en 2013 auprès de 801 familles sans logement en Île de France. Concrètement, ces foyers avaient passé la nuit précédant l’enquête dans un logement transitoire, le plus souvent un hôtel, dans l’attente d’un relogement. La majorité de ces personnes étaient migrantes et ne parlaient pas français. 93 % vivaient sous le seuil de pauvreté avec un taux de chômage de 79 %. Et la crise des migrants touche toutes les classes sociales, puisque près de la moitié des parents interrogés avait fait des études supérieures et le taux de scolarisation était élevé, avec 89 % des enfants allant à l’école. 

Pour chaque famille, un enquêteur et un psychologue bilingues ont interrogés la mère (ou, en son absence, le père), et un enfant âgé de 6 à 13 ans. Les questions portaient sur leur santé physique et mentale, leurs conditions de vie, la façon dont ils les percevaient. En parallèle, le psychologue a effectué une évaluation psychologique des enfants. Celle-ci a permis d’établir un score de difficultés psychologiques.

Des risques de troubles psychologiques 

Et les résultats publiés il y a quelques jours (3) confirment les craintes. Ils montrent que 28,3 % des enfants rencontrent des problèmes émotionnels (anxiété, tristesse…) et 23,4 % des troubles du comportement comme de l’agressivité, de la violence. Par ailleurs 17,7 % présentent des symptômes d’hyperactivité et d’inattention et 10,7 % des problèmes relationnels. Au final, les difficultés psychologiques de ces enfants sont bien supérieures à celles retrouvées au même âge en population générale.

De plus, les chercheurs ont constaté que certains facteurs étaient fortement associés au risque de troubles psychologiques. Par exemple, les enfants les plus vulnérables étaient ceux issus de familles provenant d’Afrique sub-saharienne, ceux ayant une mère dépressive ou malade, ceux qui n’aimaient pas leur lieu d’hébergement ou encore ceux sujets à des moqueries ou du harcèlement à l’école.

Améliorer la prise en charge 

« Il est difficile de savoir si les troubles psychiques des enfants viennent de ces difficultés, ou du fait de ne pas avoir de domicile. Néanmoins ces facteurs sont pour la plupart associés aux conditions de vie précaires. De plus, l’enquête montre que l’environnement social des enfants influe sur leur état psychologique, comme le révèle l’association trouvée avec le fait d’être victime de moqueries à l’école », explique dans un communiqué de l'Inserm Maria Melchior, principale auteure de ces travaux.

Mais ces constats permettent, c'est certain, de tirer la sonnette d’alarme sur la santé de ces enfants. « Ces personnes sont le plus souvent en marge du système de soins pour des raisons de précarité, d’éloignement, de barrière linguistique. Les structures spécifiques qui leur sont proposées gratuitement, comme les centres de protection maternelle et infantile, sont une aide pour la santé physique. Mais elles n’évaluent pas toujours la santé mentale des enfants et rarement celle de leurs parents. Or, les troubles psychologiques pendant l’enfance augmentent le risque de décrochage scolaire, de désinsertion précoce, ou encore de problèmes psychiatriques à l’âge adulte. Il y a donc urgence à mieux prendre en charge ces enfants, à titre individuel mais aussi pour la collectivité », conclut Maria Melchior.

(1) Équipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES), unité 1136 Inserm/UPMC, Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique, Paris

(2) L'enquête « Enfants et familles sans logement »

(2) M. Roze et coll. Emotional and behavioral difficulties in children growing up homeless in Paris. Results of the ENFAMS survey. Eur Psychiatry. Edition en ligne du 26 septembre 2016

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