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Sexualité : le coronavirus a poussé les couples à innover

On l'a beaucoup lu et entendu : contrairement à l'idée reçue, les confinements n'ont pas contribué à favoriser notre vie sexuelle, au contraire. Pourtant, la découverte de nouvelles pratiques et l'innovation, chez les couples et célibataires, qui ont continué à avoir des rapports sexuels, a largement augmenté durant la pandémie de Covid-19.

Sexualité : le coronavirus a poussé les couples à innover LuckyBusiness/iStock

  • Publié le 22.05.2021 à 10h00
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Sans grande surprise, les confinements à répétition et autres restrictions imposées par les gouvernements aux quatre coins du monde ont lourdement impacté notre sexualité. Celles des célibataires bien entendu, mais également celle des couples qui, pour une grande partie d’entre eux, se sont retrouvés à vivre sous le même toit 24h sur 24. 

Une nouvelle réalité qui ne s’est pas forcément traduite par une soudaine montée de la libido et par la multiplication des rapports sexuels. Si l’on pouvait jusqu'alors penser que rester bloqué jour et nuit avec son ou sa partenaire boosterait la sexualité de notre couple, il semblerait que les confinements aient, bien souvent, eu l’effet inverse. Exit le marathon sexuel, et bienvenu au “je t’aime, moi non plus”. 

Une baisse de la qualité et de la fréquence des rapports sexuels 

Ainsi, en 2020, le prestigieux institut de recherche sexologique américain, le Kinsey Institute, a conduit une étude sur l’impact de la pandémie sur les pratiques sexuelles de la population américaine. Au terme de cette étude, les chercheurs ont découvert que 43,5% des participants avaient constaté une baisse de la qualité de leur vie sexuelle. 

Globalement, rapporte Justin Lehmiller, chercheur au Kinsey Institute et créateur du “Sex and Psychology Podcast”, “durant la pandémie, le désir et la fréquence des rapports sexuels a, en moyenne, baissé comparativement à ce qu’ils pouvaient être pré-pandémie”.    

Et si les Français bénéficient d’une réputation d'obsédés sexuels et de chauds lapins à l’étranger, l’hexagone n’a pas échappé à cette malédiction. Un sondage réalisé par l’IFOP lors du premier confinement a dressé exactement le même constat. 

En outre, l’institut de sondage notait, comme le rapporte le psychiatre et sexologue, Alexis Rapin, que la proportion de Français n’ayant pas eu de rapport sexuel au cours du mois de mars 2020 (44%) s’avérait presque deux fois plus élevé qu’à l’accoutumée (26%)

Une baisse qui, poursuit l'expert, "affecte avant tout les célibataires, mais aussi les personnes en couple confinées sous le même toit”. De plus, ajoute-t-il : “Cette baisse de l’activité sexuelle va de pair avec un sentiment de satisfaction à l’égard de sa vie sexuelle à la fois moins large et moins intense : chez les personnes en couple, la proportion de personnes très satisfaites perd sept points entre l’avant et l’après confinement ! Plus logiquement, ce sentiment diminue aussi de manière significative chez les célibataires”. 

Allez-y, sortez vos mouchoirs, vous pouvez ! Dure réalité : l’idée selon laquelle une société où les responsabilités seraient moindres et les occupations nulles nous pousseraient à “baiser comme des lapins" n’était donc qu’un leurre. Mais… car… oui, il y a quand même un mais, certains ont su profiter des confinements pour explorer leur sexualité. Ouf ! Nous voilà sauvés, et notre foi en l’humanité (un peu) restaurée.

Des confinements synonymes d’exploration sexuelle 

En effet, si l’année 2020 a été, en grande majorité, marquée par une baisse de l’activité sexuelle, “beaucoup de personnes ont déclaré avoir essayé des pratiques sexuelles nouvelles et différentes” concède Justin Lehmiller. 

Tout n’est donc pas perdu : si l’ennuie a parfois assommé notre libido, il a également poussé couples et célibataires à tester de nouvelles choses. “Premièrement, les gens étaient particulièrement stressés l’année dernière, or le stress a pour effet de diminuer le désir et l’excitation sexuelle. Ainsi, il est possible que les individus aient cherché à y remédier : faire preuve d’innovation au lit impacte directement l’excitation sexuelle et peut donc contrer les effets négatifs du stress. Deuxièmement, alors que l’on ne pouvait plus sortir de chez soi, tout commençait à devenir monotone et ennuyeux, la nouveauté sexuelle était donc également un moyen de combattre cette routine” analyse l’animateur du “Sex and Psychology Podcast”.

Le tableau n’est donc pas si gris… Certains couples et célibataires, bravant impunément les règles en vigueur, ont non seulement continuer de copuler, mais sont aussi partis à l’aventure (sexuelle).  Aventure, aventure… Nous n’irons peut-être pas aussi loin, quoique, quoique… 

Le chercheur américain rapporte que la liste soumise aux participants de l’étude du Kinsey Institute comprenait “une vaste variété de pratiques sexuelles allant du partage et de la réalisation des fantasmes, à l’utilisation de sextoys, en passant par l’usage de la Sex Technology jusqu’à l’exploration de pratiques sexuelles plus coquines”

Dans l’hexagone, Alexis Rapin dresse un bilan similaire : chez les couples “on constate principalement une tendance à avoir testé de nouvelles positions sexuelles, partagé ou réalisé avec son/sa partenaire ses fantasmes, avoir eu recours plus souvent à des jeux érotiques autour d’un accessoire ou d’un sextoy”.  

Tous les âges ont-ils été similairement impactés par ce regain d’inventivité ? Non, tranche le spécialiste : “Plus vous êtes jeune, vivant seul, et associé à un sentiment de stress et de solitude, plus vous êtes enclin à essayer de nouvelles choses et à être créatif”. Dès lors, rapporte-t-il, “ce sont surtout les jeunes et les couples ne vivant pas sous le même toit" qui ont fait preuve d’esprit d’invention ou qui ont observé une amélioration de leur vie sexuelle durant les confinements. 

Le porno, grand profiteur de la crise sanitaire

Mais, comment cette quête d’une sexualité plus diversifiée s’est-elle véritablement illustrée ?  Le maître-mot est “bouleversement” note Alexis Rapin. “Les comportements sexuels ont été bouleversés par le confinement. Cela s’est traduit par un développement croissant de la Sex Technologie dans le but d’assurer un support à l’imagination et entretenir l’excitation sexuelle en vue de sa propre satisfaction personnelle, bien loin des interactions que l’on connaissait auparavant” analyse le médecin. 

Mais encore, concrètement ça veut dire quoi ? Rien de nouveau sous le soleil : le recours à la pornographie a explosé d’après les données de Pornhub. Au 17 mars 2020, le trafic mondial vers le site avait augmenté de 11,6 %” commente le sexologue. 

De plus, surenchéri-t-il, à l’éternelle pornographie, on peut ajouter “l’utilisation des réseaux sociaux qui s’est accrue, avec notamment le téléchargement de plus d’applications sur smartphone (Snapchat, Bumble, Tinder, Grindr…), l’augmentation de la pratique du sexting (l’envoi de messages coquins par SMS, mail ou messagerie instantanée), l’envoi de photos ou vidéos de soi ou d’autrui (dénudé ou nu), de photos de son propre sexe (les fameuses dicpicks)…”

Ce n’est pas tout, complète l’expert, “les individus ont davantage sollicité l’accès aux sites de CAM pour s’exhiber ou mater. L’utilisation d’accessoires et/ou de sextoys classiques ou plus rarement de la technologie avancée comme la Virtual Reality Porn, les godemichets connectés… a explosé. A un moindre niveau, certain(e)s ont eu recours à la littérature érotique (livre ou bande dessinée), ou bien fait des recherches de sujets autour de la sexualité sur le net, forum de discussion…etc”

Finalement, vous dites-vous, si l’on boucle la boucle, les confinements, tout aussi longs et pénibles soient-ils, ont quand même eu du bon pour notre vie sexuelle ? Alors oui, certes, certains ont repoussé les limites de leur créativité, voire ont pimenté leurs rapports sexuels à deux ou seuls. Mais, derrière cette apparente bonne nouvelle s’en cache une nettement moins réjouissante. 

Un bien-être temporaire, voire parfois illusoire 

Un rappel à la réalité qu’Alexis Rapin pointe du doigt : Même si les individus, et notamment les couples essaient de nouvelles choses, cela n’améliore que provisoirement leur satisfaction globale

Pourquoi ? Parce qu’il faut être réaliste, répond le sexologue : “Comme le note l’étude de l’Institut Kinsey, ces nouvelles formes d’activités sexuelles ne sont pas susceptibles de procurer du bien-être et de la satisfaction à toutes/tous ceux qui s’aventurent sur ces nouveaux terrains”.  

Effectivement, poursuit-il, “l’augmentation de la consommation de sites facilitant l’excitation sexuelle ou les rencontres érotiques ne semble pas à même de résoudre le problème de la frustration sexuelle et émotionnelle. Et l’on peut imaginer que la stimulation du système de récompense créée par ces comportements reste un mécanisme d’adaptation agissant comme un puissant anxiolytique et antidépresseur permettant de lutter contre son propre effondrement dépressif”.   

Et paf ! On retourne aussi vite au constat de départ : les confinements n’ont guère favorisé notre vie sexuelle et ce, que l’on ait plus souvent “joué du serre-croupière” ou fait preuve d’une imagination débordante ou non. Reste que, souligne tout de même Justin Lehmiller, “durant cette période de nombreuses personnes ont exploré leur sexualité et ont tenté de nouvelles choses. Résultat : la sexualité de ceux qui ont mieux cerné ce qui les excite risque de profondément changer”.  

En clair, les confinements n’ont pas dopé la sexualité de la majorité de la population, mais les petits chanceux qui ont su explorer leur sexualité et prendre leur pied risquent fort de continuer. 

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