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Une alternative au métal

Réparer des fractures avec des vis en soie

Par Antoine Llorca

Remplacer des vis en métal par des vis en soie, c'est l'expérience concluante menée sur des souris victimes de fracture. La soie, biodégradable, permet d'éviter une deuxième chirurgie pour enlever les vis.

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Qui n'a jamais angoissé à l'idée de se faire poser des vis ou des plaques en métal après une opération pour réparer une fracture ? En effet, cette intervention est souvent nécessaire pour permettre la bonne consolidation de la fracture. Pourtant, cette méthode a de nombreux inconvénients. Le métal étant très dur et très rigide, il peut mettre trop de pression sur l’os et empêcher sa bonne consolidation. Un des autres inconvénients majeurs de cette méthode est l’opération chirugicale nécessaire pour retirer les vis et plaques en métal. Il peut aussi entrainer des infections et affaiblir l'os. C’est pourquoi David Kaplan de la Tufts University et Samuel Lin de la Harvard Medical School ont cherché une alternative au métal. Ils ont publié leur étude dans le journal Nature Communications.

La soie, une alternative viable au métal

Leurs recherches ont montré que la soie offrait une alternative parfaite au métal car elle est une des fibres naturelles les plus résistantes au monde.

Pour voir si la soie est utlisable, l’équipe de recherche a extrait une protéine (Bombyx mori) provenant des cocons de vers de soie. Mélangée à de l’alcool, la mixture est coulée dans des moules en forme de vis ou de plaques puis elle est cuite. Pour tester la résistance de ces nouvelles vis, elles ont été implantées sur des souris de laboratoire. « Leur implantation s’est extrêmement bien passée, » reconnaissait David Kaplan.

Les chercheurs ont aussi observés que la soie était « extrêmement résistante aux hautes températures et d’autres conditions extrêmes et elle peut être facilement stérilisée. » Ainsi, les vis en soie seraient aussi résistantes que des vis en métal, sans en avoir les incovénients.


Plus besoin de seconde chirurgie

À l’inverse des vis en métal qui nécessitent une nouvelle opération pour être retiré, ces nouveaux matériaux sont biodégradables. Comme le rappelle Samuel Lin « à l’inverse du métal, la composition de la protéine contenu dans la soie est très proche de la composition des os. » Cette ressemblance dans leur structure permet au corps de dissoudre facilement les vis en soie et ainsi d’éviter aux patients de devoir connaître une seconde chirurgie et le risque d’infection relativement fréquent avec des vis en métal.

Elles offrent un autre avantage aux chirurgiens. Les vis de soie ne sont pas visibles à la radio contrairement au métal. Ceci permettrait un meilleur suivi post-opératoire de la consolidation de l'os car la fracture serait bien plus visible.


Des vis en soie porteuses d'antibiotiques

Les chercheurs ont aussi découvert que les vis en soie pourraient servir à délivrer des médicaments. David Kaplan explique que la structure de la soie permet d’y mettre des antibiotiques et ainsi prévenir le risque d’infection post-opératoire. Il est aussi possible de renforcer les os et leurs cicatrisations grâce à ces antibiotiques.

Le groupe de chercheurs va continuer ses recherches sur les vis de soie. « Nous sommes très excités à l'idée de continuer ces travaux sur de plus gros animaux et enfin sur des cas cliniques humains, » reconnait Samuel Lin.